Trois questions à Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP

Trois questions à Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP

"Le risque ne doit plus être appréhendé de manière négative."

Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP, évoque les raisons de la nouvelle formule « 100 minutes pour la vie ». Il dresse un premier bilan très prometteur, avec un succès rapide auprès des apprentis, et annonce la reconduction de l’opération en 2022. Paul Duphil revient également sur les nombreuses avancées en matière de santé et sécurité au travail dans le parcours de formation des jeunes depuis dix ans.

Dans quelle condition est née cette nouvelle formule de l’opération « 100 minutes pour la vie » ?

En raison des conditions sanitaires liées à la Covid, l’OPPBTP a rapidement décidé de changer de formule des « 100 minutes ». En effet, cette opération constitue la première sensibilisation des apprentis aux enjeux de santé-sécurité, elle s’intègre dans le parcours de prévention des apprentis tout au long de leur formation. Il n’était donc pas question d’y renoncer.

Nous avons donc réagi très vite pour mettre en œuvre un nouveau dispositif pertinent et efficace. Nous avons ainsi décidé de transformer l’opération en un challenge sur application mobile. Loin d’être une solution de repli, ce challenge est une opportunité de proposer aux jeunes entrant dans le BTP une sensibilisation avec une action résolument moderne.

Dans la formule précédente, les jeunes suivaient une formation de deux heures, en groupe. Avec les outils numériques, le fonctionnement est différent, ce nouvel environnement permet un mode de fonctionnement basé sur des interactions courtes mais fréquentes avec tous les apprentis connectés, qui peuvent être très nombreux. Pour cette première édition, dans un souci de tester cette nouvelle formule, nous avons ciblé les 150 établissements qui étaient déjà partenaires de l’ancienne opération.

L’opération a démarré le 11 janvier, quels sont les premiers enseignements ?

Nous sommes très satisfaits de ce lancement. Un très grand nombre de jeunes se sont connectés, plus de 15 000 début février. Cette application, tant dans la forme que dans le fond, répond aux aspirations et aux besoins des jeunes, sans altérer notre travail de sensibilisation à la prévention des risques professionnels. Nous avons ainsi mis en place un nouveau mode de conversation avec les jeunes, que nous souhaitons continuer à faire vivre dans le temps. Nous pouvons affirmer que ce « BTP Challenge Prévention » sera reconduit en 2022, avec des évolutions et des améliorations dans le souci de susciter durablement l’envie des jeunes à participer à ce concours… Il faut sans cesse se renouveler avec des contenus pédagogiques pertinents et des prix encore plus attractifs. Avec le succès de cette nouvelle formule, nous envisageons de la déployer auprès de la totalité des apprentis et lycéens se formant aux métiers du bâtiment et des travaux publics, soit environ 160 000 jeunes par an. Nous allons aussi réfléchir à maintenir une présence physique dans les CFA par le personnel OPPBTP, avec des actions de sensibilisation dans les ateliers centrées sur les bons gestes.

Depuis le lancement de « 100 minutes pour la vie » en 2009, y a-t-il une meilleure perception des enjeux de santé/sécurité auprès des apprentis ? 

Entre 2009 et 2020, l’opération « 100 minutes pour la vie » a permis de sensibiliser plus de 200 000 apprentis et lycéens. Au-delà de faire découvrir de manière concrète les risques auxquels les jeunes sont confrontés dans leur vie professionnelle et comment s’en prémunir, il s’agit de changer leur regard sur la notion de risque… Il ne doit plus être appréhendé de manière négative, mais en faisant passer l’idée « qu’un professionnel dans le BTP a toujours le souci de sa santé et pense au risque pour s’en protéger ». Dans les nombreuses actions menées par l’OPPBTP, l’enjeu est de délivrer un message positif sur cette question de prévention des risques et de préservation de la santé. Il est certain que la poursuite de la mobilisation et de la progression sur les questions de conditions de travail et de santé-sécurité reste un enjeu fort pour garantir l’attractivité des métiers du BTP auprès de nos jeunes. En plus des nombreuses actions sur le terrain, l’OPPBTP intervient également, au sein des commissions ministérielles de rénovation de diplômes pour s’assurer de la place accordée à la prévention des risques dans la définition du diplôme. Désormais les questions de santé-sécurité font partie de la liste officielle des savoirs à transmettre et sur lesquels les apprenants sont testés… Il y a dix ans, ce n’était pas le cas, ces sujets étaient considérés comme des savoirs associés. Nous mesurons les nombreuses avancées et évolutions positives dans ce domaine.

>> Voir l’article : L’OPPBTP réinvente l’opération « 100 minutes pour la vie » en un challenge 100 % mobile

Crédit photos : OPPBTP