Comment l'innovation peut être un levier pour sortir de la crise ?

Chacune des crises connues par le secteur du BTP a été un vecteur de solutions et d’innovations pour en sortir, explique Cécile Mazaud FFB. Le numérique et l’innovation semble apparaitre comme des leviers indispensables pour sortir de la crise actuelle, profonde et multi facteurs, de la construction. C’est le sujet dont se sont emparés, Cécile Mazaud (FFB), Marine Carrat-Tournier (Action Logement), Christophe Tricot (La Forge) et Nathalie Rolling-Lerch (CCCA-BTP) lors d’une conférence organisée au BIM World et animée par Emmanuel Lechypre (journaliste économique de BFM TV). Voici ce qui ressort de cet échange. 

L’innovation doit être vectrice de productivité et de valeur

Pour que l’innovation soit un véritable levier dans la transformation d’une activité ou dans la sortie d’une crise, elle doit apporter de la valeur à l’ensemble des collaborateurs et sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Comme par exemple, dans avec les usages suivants : 

  •   –  Utiliser au mieux le temps de travail des collaborateurs, en anticipant plus les différents facteurs sur les chantiers ; 
  •   –  Optimiser l’utilisation des matériaux avec par exemple des solutions d’IA qui permettent de mieux estimer les besoins ; 
  •   –  Planifier les chantiers pour en améliorer la productivité.  

Le but est de gagner en productivité, d’optimiser les ressources, mais aussi de générer de nouvelles sources de valeur. 

De plus, il est important de ne pas voir l’innovation seulement au travers du numérique. Elle peut prendre plusieurs formes. Innover signifie aussi faire évoluer les pratiques, changer les business models, répondre aux enjeux de souveraineté ou encore permettre de se perfectionner. 

Au cours du processus d’innovation, il est donc important de se questionner, de se demander quelles sont les valeurs de l’entreprise concernée, les savoir-faire portés par le métier exercé et quel est le futur désirable. La question des savoir-faire est centrale, car l’innovation peut soit le renforcer, soit l’appauvrir. Il convient de s’interroger sur l’impact des mesures prises et en particulier comment elles vont affecter les savoir-faire singuliers. Ces derniers sont généralement la clé de différenciation d’une société dans son marché. 

Dans le secteur du BTP, l’innovation doit répondre à plusieurs enjeux :  

  •   –  La compétitivité :  chaque acteur du BTP doit rester compétitif pour attirer des clients. 
  •   –  L’attractivité : un secteur innovant permet de donner du sens aux jeunes et de les attirer ; 
  •   –  Le climat : innover permet l’utilisation de nouveaux matériaux, de nouveaux systèmes constructifs, de développer l’économie circulaire ;  
  •   –  La pénibilité et la sécurité : les innovations permettent de réduire la pénibilité pour les ouvriers (ex : moins de port de charges lourdes) et d’augmenter la sécurité (ex : l’utilisation de drones permet de limiter le travail en hauteur) ; 
  •   –  L’aspect social : il est important de gérer les espaces, de les faire évoluer en fonction des besoins des utilisateurs, et de garantir une bonne qualité de vie ;  

Les freins à l'innovation

Cependant, dans le BTP, comme ailleurs, il reste des freins majeurs à l’innovation.  

Tout d’abord, les décideurs, trop éloignés du terrain, peuvent en avoir une vision biaisée et ne sont pas partie prenante des expérimentations requises pour intégrer une innovation et en évaluer les bénéfices. Voilà pourquoi, on constate que les plus petits, comme les artisans, sont plus innovants que les grandes entreprises. Lorsqu’ils testent une solution, si celle-ci leur est utile et leur apporte de la valeur ajoutée, ils vont l’intégrer dans leur quotidien directement. Leur processus de décision et de déploiement est très rapide.  

Les évolutions réglementaires sont un catalyseur d’innovation : forcés de s’adapter à celles-ci pour être en conformité, les acteurs du BTP innovent. Les processus d’innovation sont en majorité lancés par les managers. C’est pourquoi il faut être vigilent à ce que la réglementation ne soit ni trop pesante ni trop changeante, auquel cas, absorbés par la surveillance et le respect des évolutions réglementaires, les managers ont moins de temps disponible pour créer et innover.  

Enfin, les financements, les ressources économiques et la peur du changement sont également cités comme des freins.  

La transversalité et la territorialité permettent plus d'agilité

Les professionnels intervenant à cette conférence ont indiqué que les projets d’innovation doivent être portés par l’ensemble de la chaîne de la valeur. Il faut prendre en compte tous les acteurs pour que l’innovation apporte de la valeur ajoutée. Selon eux, l’innovation doit aussi se créer au niveau des territoires car il y a toutes les ressources nécessaires : les savoir-faire, les acteurs économiques, les talents et les écoles.  

Ils estiment qu’il est primordial d’accompagner les entreprises pour qu’elles soient plus adaptatives et qu’elles intègrent plus facilement l’innovation dans leur quotidien. Pour cela, il est indispensable d’identifier les besoins, d’avoir une vision partenariale entre sociétés pour avoir accès à plus d’innovations et de développer de nouveaux services. Enfin, la formation a un rôle d’inclusion majeur à jouer pour que chacun ait les compétences lui permettant de se saisir des innovations.  

Plus d’informations sur les intervenants :

  •   –  Cécile MAZAUD, Présidente de la Commission Innovation et Transition numérique, FFB 
  •   –  Marine CARRAT, Directrice Innovation, Développement Durable, Etudes, Evaluation, Action Logement 
  •   –  Christophe TRICOT, Président et co-fondateur, La Forge 
  •   –  Nathalie ROLLING-LERCH, Responsable du pôle RSE et innovation Stratégique, CCCA BTP 

Besoin d’infos complémentaires ?

Fiona NOYER, Analyste veille :

fiona.noyer@ccca-btp.fr

Nathalie ROLLING-LERCH, Responsable du pôle RSE et innovation :

nathalie.rolling@ccca-btp.fr