De nouveaux CQP… pour prendre de la hauteur

Le syndicat France Travaux sur Cordes a missionné le CCCA-BTP pour revoir son offre de certificats de qualification professionnelle (CQP) cordistes, afin de les adapter aux nouvelles réalités du métier, tout en permettant à ce secteur en pleine croissance d’être plus attractif, avec des opportunités d’évolution de carrière.

Les travaux sur cordes se développent fortement et se professionnalisent. Entre 2020 et 2023, le nombre d’entreprises de travaux sur cordes s’est accru de 20 % et le nombre de salariés a bondi de 37 % pour atteindre 21 300 salariés. Dans le BTP, les besoins sont de plus en plus importants. Parmi les 90 CQP (certificat de qualification professionnelle) dans le BTP, 75 % des certifiés sont cordistes, soit 2 000 personnes par an, qui obtiennent un CQP cordiste. Pour ces travaux à haut risque, la formation et l’actualisation des compétences techniques sont incontournables.

Le premier CQP cordiste a été créé en 1996. Puis l’offre de certification s’est étoffée, pour permettre aux cordistes de débuter dans le métier, d’acquérir de l’expérience et de se spécialiser. « Mais ces CQP étaient devenus obsolètes. Ils n’étaient plus adaptés aux réalités du terrain, à l’organisation des entreprises et au rôle des cordistes dans les entreprises, observe Jacques Bordignon, président du syndicat France Travaux sur Cordes. Au départ, c’est une activité issue du sport, de la montagne et de la spéléologie. Pendant longtemps, les cordistes étaient des sous-traitants réalisant des travaux annexes. Maintenant, la majorité sont des entreprises à part entière, avec des contrats dédiés uniquement aux travaux sur cordes et travaux de sécurisation. Ainsi les référentiels se devaient de refléter cette évolution professionnelle. »

Jacques Bordignon

Une remise à plat des CQP existants par le CCCA-BTP

Le CCCA-BTP, en sa qualité d’opérateur de certifications pour les CPNE (commissions paritaires nationales de l’emploi) conjointes du bâtiment et des travaux publics, a été missionné en 2022 par France Travaux sur Cordes pour une refonte complète des quatre CQP existants. « Un important travail d’étude, d’analyse et d’ingénierie a été réalisé sur le terrain. De nombreux échanges ont été menés avec des cordistes, conducteurs de travaux et chefs d’équipe, pour bien comprendre les tâches de chacun, explique Bruno Périquoi, chargé de projet certifications et déploiement de l’offre de formation au CCCA-BTP. J’ai également assisté à plusieurs sessions d’examen pour mesurer la différence entre ce qui est demandé dans le référentiel et ce qui se pratiquait. La mission a consisté à redéfinir la totalité des référentiels, afin de les rendre plus lisibles pour le candidat, le formateur et les jurys d’examen. Les compétences, les modalités et les critères d’évaluation ont été entièrement redéfinis. Nous avons, par exemple, revu les compétences demandées entre le CQP cordiste et technicien cordiste, car les différences n’étaient pas suffisamment claires et distinctes. Pour chaque CQP, le nombre de compétences, autour d’une vingtaine, a été réduit à cinq, pour les rendre plus compréhensibles. »

cqp periquoi
Bruno Periquoi

Quatre nouveaux CQP cordistes pour évoluer dans le métier

Un travail de co-construction a été mené pendant deux ans entre France Travaux sur Cordes et le CCCA-BTP, pour proposer une nouvelle offre de quatre CQP, tous inscrits au Répertoire spécifique géré par France compétences(1). Un nouveau CQP « Superviser les travaux sur corde sur site » a été créé. Dédié à un chef d’équipe, il vise à professionnaliser et à certifier des compétences liées à la gestion de la sécurité sur chantier. Dans le détail, ce CQP s’attache à la fois à la bonne mise en œuvre des mesures de sécurité sur les chantiers, à l’organisation de la production, à la coordination entre les différents acteurs présents et à l’organisation des secours. « Aujourd’hui, ces nouveaux CQP sont clairs pour tout le monde. Une personne qui ne connaît pas le métier va le comprendre facilement en lisant les référentiels, précise Benjamin Grimbert, gérant de Vertical Sécurité à Millau, administrateur et délégué régional en Occitanie de France Travaux sur Cordes. Et l’évaluation s’en trouve simplifiée : le jury se saisit des grilles d’évaluation avec des attendus clairement précisés. Grâce à la plateforme Certif-BTP, poursuit-il, le volet administratif est allégé avec la transmission des procès-verbaux de délibération au CCCA-BTP, qui est désormais dématérialisée. Ces nouveaux CQP vont donc donner aux cordistes des perspectives de carrière. Beaucoup n’évoluaient pas, sans doute, par manque de clarté des référentiels. Cela va rendre notre secteur plus attractif. »

Benjamin Grimbert

« Le cordiste doit être un couteau suisse ! »

À 24 ans, Enzo El-Fassy exerce depuis deux ans le métier de cordiste à l’agence parisienne Adrénaline, après l’obtention de deux CQP cordiste et technicien cordiste. Il réalise essentiellement des travaux de bâtiment de tous types, comme l’installation de lignes de vie sur la Tour Eiffel, mais aussi la recherche d’infiltration sur une toiture, la sécurisation de façades avec des filets, ou encore l’installation de fenêtres de toit difficiles d’accès. « Ce nouveau CQP “Superviser les travaux sur corde sur site” était attendu, il répond à un véritable besoin. Aujourd’hui, je suis chef de chantier, explique Enzo El-Fassy. Pour y parvenir, je me suis formé au secours. Je suis en capacité de réaliser des amarrages et des déplacements plus complexes et à définir le mode opératoire du chantier. Je coordonne des cordistes tout en étant opérationnel. Je compte évoluer dans l’entreprise, me perfectionner et suivre des formations courtes dans le bâtiment, comme apprendre la soudure. Le cordiste doit être un couteau suisse ! », note Enzo.

Enzo El-Fassy

Comme Enzo, beaucoup de jeunes se lancent dans le métier, mais aussi des personnes en reconversion, ainsi que des femmes. On en compte environ 2 %. Elles sont plus nombreuses chaque année. Un collectif de femmes cordistes, Haut pluri’Elles, a même été créé, dont fait partie Micaela Valentini. Cette technicienne cordiste de 36 ans souhaite obtenir le CQP « Superviser », pour devenir chef d’équipe. « C’est une très bonne chose que ce nouveau CQP existe, explique Micaela Valebtini. Cela va me permettre d’évoluer et d’attirer davantage de femmes. Le collectif Haut pluri’Elles permet de s’entraider entre femmes, de s’échanger les bons plans et de faire évoluer notre quotidien en évoquant des sujets spécifiques tels que la taille des baudriers, les menstruations douloureuses, le problème des toilettes et des vestiaires, jusqu’au niveau des salaires ! ».

À gauche : Micaela Valentini

(1) – quatre CQP de la filière inscrits au Répertoire spécifique de France compétences :

• CQP Travailler sur cordes/niveau initial (le premier niveau d’entrée dans la profession, accessible à tous)

• CQP Travailler sur cordes/niveau confirmé (un niveau technique supérieur, accessible aux cordistes expérimentés).

• CQP Superviser les travaux sur cordes sur site (pour les chefs d’équipe cordiste)

• CQP Organiser les travaux sur cordes (pour les conducteurs de travaux des chantiers cordiste)