Dernier jour de compétition

Dernière ligne droite et dernière épreuve

La tension était à son comble et la concentration au plus haut pour les candidats qui ont abordé ce lundi 26 août la quatrième et dernière journée de compétition. Sur les pôles métiers, d’un coup le rythme s’est intensifié. Toutes les minutes ont compté pour achever dans le délai imparti le sujet des épreuves. Parmi les 44 membres de l’Équipe de France, les trois jeunes issus du réseau de l’apprentissage BTP ont tout donné dans cette dernière ligne droite pour arriver au bout de leurs épreuves.

Retour sur la fin de la compétition avec Vlad Croitoru (carrelage), Mathilde Mortier (peinture et décoration) et Valentin Riobé (installation électrique).

 

 

 

Sur le pôle peinture et décoration…

Sur le pôle peinture et décoration, Mathilde Mortier conserve un calme olympien, alors qu’en face une épreuve vient de se terminer en confection : cris, agitation de drapeaux russes, c’est l’effervescence.

Mais pas question de se laisser perturber : jusque dans les dernières minutes, Mathilde peaufine un raccord entre deux motifs, unifie une teinte, affine un détail. Après plus de vingt heures d’épreuves, on a l’impression que c’est, à la minute près, le temps qu’il lui fallait. Pourtant elle a commis, comme beaucoup de concurrents, quelques erreurs. Un problème de remplissage de pulvérisateur lui a fait perdre une demi-heure au début de l’épreuve, mais, sereine, elle a rattrapé ce petit retard.

 

 

Au coup de cloche final, c’est le délire dans l’allée, tandis que Mathilde se rapproche doucement du bord du stand, toujours avec calme. Le sourire arrive comme un soulagement avec le réconfort des proches. Elle a donné le meilleur. Le clan français croit fermement en une médaille de belle couleur !

 

 

 

Sur le vif…
Fin de compétition en peinture et décoration…

Derniers coups de pinceau

Mathilde Mortier apporte les ultimes retouches à son ouvrage qui feront sans doute toute la différence. C’est à 11 heures que se termine l’épreuve de peinture et décoration. Les minutes s’égrènent et le compte à rebours des dix dernières secondes est repris en chœur par tous les supporters venus assister à ce final palpitant. Des larmes se mêlent aux applaudissements. Mathilde et Philippe Paillard, l’expert tricolore, s’étreignent dans un même soupir de joie et de soulagement partagé.

 

Les parents de Mathilde ne peuvent retenir leurs larmes et leur fille de leur rappeler : « Arrêtez de pleurer, je n’ai pas encore la médaille ! ».
Les quelques mots de Corinne et Étienne sont dits d’une seule voix : « Nous sommes très heureux, émerveillés, comblés et très émus. Nous sommes fiers que Mathilde défende les couleurs de la France. »

 

Pierre Paillard, expert métier peinture et décoration, et Mathilde Mortier

 

 

 

Sur le pôle installation électrique

Dans l’allée du pôle installation électrique, l’ambiance est différente et la tension palpable. Certains concurrents semblent à la peine, tandis que Valentin Robié, bien dans sa bulle, avance sans perdre de temps.

Mais vers 10 h 25, tout bascule. Valentin, le visage assez tendu, demande l’intervention des experts. Son boîtier d’alimentation électrique est défectueux. La décision est rapide : suspension du chrono pour remplacer l’alimentation.

 

 

Le chrono ne reprendra que six minute plus tard, un temps assez court, mais suffisant pour entamer la concentration d’un concurrent. Peu de temps après, nouvelle interruption, il semble y avoir une autre panne sur l’alimentation. Verdict des experts : l’alimentation est correcte, le chrono ne sera pas de nouveau suspendu.

 

 

Peu importe, le candidat tricolore retourne au feu, donnant tout jusqu’à la dernière minute. Immense soulagement au coup de sifflet final. Il craque dans les bras de sa mère, épuisé mais heureux d’avoir tout donné.

 

 

 

Sur le vif…
Fin de compétition en installation électrique

Sur le fil

C’est précisément à 12 h 06 que s’est terminée l’épreuve de Valentin Riobé en installation électrique. Il bénéficie en effet de six minutes supplémentaires au temps imparti aux autres candidats, afin de compenser le temps perdu en raison d’un problème technique. Il s’affaire, démultipliant ses gestes, rapides, précis. Il vérifie, observe, jauge. Le public est là, attentif et impatient. Les commentaires s’échangent à voix basse sur la qualité de son travail, sur celui de ses concurrents.

Le décompte des dix dernières secondes est alors lancé. Les autres candidats sont applaudis par leurs supporters. Valentin reste impassible, vérifiant un ultime réglage : il a encore six minutes devant lui. La tension se lit sur les visages de Jimmy Delamarche, son expert métier, de ses amis, de ses parents en première ligne, accoudés à la barrière qui les séparent de leurs fils.
Enfin le décompte libérateur… Les supporters exultent. L’épreuve s’achève et Valentin fond en larmes. Ses parents, émus et soulagés disent combien ils sont « fiers de lui, de ses performances. Il a tout donné.  Notre émotion est difficile à traduire. Nous sommes très heureux ! ».

 

Jimmy Delamarche, expert métier installation électrique, et Valentin Riobé

 

Valentin Riobé dans les bras de ses parents

 

 

 

Sur le pôle carrelage

Autre finish à l’épreuve en carrelage avec Vlad Croitoru. Ici, pas d’effervescence ni de tension, du moins en apparence.

Car plus l’heure fatidique arrive, plus les gestes se font rapides, mais sans précipitation.  Le timing est parfait : à une heure de la fin, le jeune homme est dans les finitions et le nettoyage. L’expert métier Davy Rezeau le confirme :  « Il est très bien ce matin. Sa concentration est parfaite, je suis confiant. »

 

 

Les supporters, massés autour du stand, entament le décompte puis vient le top final. Pas d’effusion visible, mais une légère détente sur le visage. Vlad semble prendre conscience d’un seul coup de la foule qui l’entoure. Embrassades avec la famille et les amis, Vlad savoure : « Dans les dernières minutes, j’ai senti que ma famille et l’équipe étaient là, autour de moi. Il y a beaucoup d’émotion, mais ça ne se voit pas forcément, car je ne suis pas démonstratif. Au moment de sortir de ma bulle, là, l’émotion est arrivée, avec un soulagement et une satisfaction. »

 

 

 

Sur le vif
Fin de compétition en carrelage

En bleu, blanc et rouge

Il est 12 h 45. Il reste un quart d’heure avant le coup de sifflet final qui mettra un terme à l’épreuve en carrelage. Les supporters tricolores sont venus nombreux pour assister à ces dernières minutes menées de main de maître par Vlad Croitoru. Le visage fermé, le geste précis, il peaufine le moindre détail, mêlant sa sueur au linge qu’il passe et repasse pour lustrer les carreaux rouges et blancs de son ouvrage. Il affine, essuie, nettoie encore pour atteindre la perfection.

Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un ! Les applaudissements fusent dans la joie. L’épreuve de Vlad s’achève ici. Les commentaires ne tarissent pas d’éloge et saluent la maîtrise de son savoir-faire. Davy Rezeau, son expert métier, le prend dans ses bras pour partager sa joie. Un seul mot lui vient à l’esprit : « Je suis heureux ! ». Un sentiment partagé par Maria, la sœur de Vlad, qui qualifie ce moment de « magnifique » !
Quant à leur mère, elle confie avec émotion, « Je me souviens du jour où Vlad m’a dit qu’il était champion de France et que nous allions partir en Russie pour la finale internationale. Je ne me rendais pas compte de ce que cela pouvait représenter alors. Aujourd’hui nous sommes à Kazan et Vlad peut devenir champion du monde. C’est incroyable. C’est un moment inoubliable que nous vivons là ensemble ! ».

 

Davy Rezaeu, expert métier carrelage, et Thierry Robin, coach de Vlad Croitoru

 

Vlad Croitoru et Davy Rezeau

 

 

Rencontre avec…

Raymond Reyes, président du CCCA-BTP, et Henry Brin, vice-président du CCCA-BTP, sont présents à Kazan pour soutenir les jeunes français du pôle BTP en compétition, tout particulièrement les trois jeunes issus des CFA du réseau de l’apprentissage BTP.

 

Rencontre avec Raymond Reyes, président du CCCA-BTP

Quel est votre sentiment sur la compétition ?

C’est magnifique ! L’événement est exceptionnel et l’atmosphère très chaleureuse. Il y règne une bonne humeur très agréable. Le monde entier est uni autour de la formation professionnelle, des jeunes et de l’excellence des métiers. On est à la fois dans l’émulation collective et la compétition.

 

Pourquoi est-il important pour vous d’être présent à la WorldSkills Competition ?

C’est avec beaucoup de plaisir que je suis venu à Kazan soutenir l’Équipe de France des Métiers, tout particulièrement les jeunes du pôle BTP. Il est important pour moi d’être là avec les candidats le jour J. Notre présence, avec le vice-président du CCCA-BTP, est le témoignage du soutien de nos professions du BTP à tous nos jeunes en compétition.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné lors de votre visite ?

Je suis surtout impressionné par la qualité et le professionnalisme des jeunes qui concourent. Ils témoignent d’une concentration exemplaire. Les ouvrages qu’ils réalisent durant leurs épreuves tendent à la perfection. C’est beau à voir !  Leur détermination et la passion qui les animent dans l’exercice de leur métier se lisent sur leur visage.

 

Les jeunes représentent l’excellence…

Oui ! Le niveau de la compétition est très élevé. Et les jeunes qui concourent sont à la hauteur de leurs ambitions… C’est le signe de l’excellente maîtrise de leur métier et de leur bonne préparation.

 

 

Trois jeunes en compétition sont issus des CFA du BTP à gouvernance paritaire. Est-ce le signe de la qualité de l’apprentissage ?

C’est une fierté. Cela contribue à montrer l’excellence de la formation professionnelle au sein des CFA du BTP de notre réseau et de la justesse du choix des professionnels d’investir dans la formation des jeunes à leurs métiers. Les jeunes qui participent aujourd’hui seront aussi, pour certains d’entre eux, les chefs d’entreprise de demain. C’est la meilleure preuve de la qualité de l’apprentissage pour réussir.
L’une des valeurs essentielles de la compétition et que nous partageons est de construire un idéal autour de l’amour d’un métier. Cela s’exprime d’abord sur le plan individuel avec le professionnalisme et la maîtrise technique et, ensuite, comme ce que nous faisons est une œuvre collective, c’est d’être capable de le vivre avec les autres, avec les valeurs de solidarité, de partage, d’amitié et de convivialité. C’est ce que nous partageons aussi avec la WorldSkills Competition.

 

 

Rencontre avec Henry Brin, vice-président du CCCA-BTP

« Vous avez su oser, nous allons gagner ! »… Tel est le message livré par Henry Brin, vice-président du CCCA-BTP, aux jeunes de l’Équipe de France du pôle BTP.

Henry Brin fait part de ses impressions sur la compétition et les jeunes candidats, et revient sur l’engagement du CCCA-BTP dans le mouvement WorldSkills : « C’est pour nous un révélateur du savoir-faire à la française. On est comblé de voir tous ces jeunes qui se donnent à fond, avec beaucoup de passion dans leurs métiers. »

 

 

 

Cérémonie de clôture de la WorldSkills Kazan 2019

Le palmarès de la 45e édition de la WorldSkills Competition sera proclamé demain mardi 27 août, lors de la cérémonie de clôture organisé au Kazan.

Les membres de l’Équipe de France des Métiers peuvent être fiers du travail réalisé au cours des quatre jours d’une intense compétition. Ils font maintenant des rêves en or, tous bien déterminés à monter sur les marches du podium international.