Newsletter n° 17 – 09 décembre 2022

Cyber Harcèlement : doit-on prévoir des EPI pour le numérique ?

Le 10 novembre dernier avait lieu la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.  

A l’heure d’une course effrénée à la transition numérique des métiers du BTP et à l’hybridation des parcours de formation, les terminaux numériques n’ont jamais été aussi présents et l’accès à internet aussi facile au sein des organismes de formation.  

Les apprenants y sont très tôt sensibilisés aux risques présents sur les chantiers et doivent apprendre à utiliser les équipements de protection individuelle (EPI), voire des protections du travailleur isolé (PTI) : la sécurité est l’affaire de tous.  

Mais lorsqu’il s’agit des risques numériques, comment organisons-nous leur protection individuelle ? De faits divers à tragédies, les victimes de cyberharcèlement sont de plus en plus nombreuses selon le numéro national 3018. Quel rôle doivent tenir les organismes de formation aux métiers du BTP ?  

Génération Z, un public sensible

La moitié des répondants à la récente vague du Baromètre Vie Apprentis a 18 ans ou moins. Ils sont actifs sur les réseaux sociaux. 4 répondants sur 5 consomment du contenu sur Snapchat, Instagram et Youtube. 3 sur 5 surfent sur Tik Tok. Autant de réseaux sociaux où l’on se partage des vidéos instantanées.  

Dans une étude publiée par Statista en 2022 sur la cyber-violence chez les jeunes internautes âgés de 18 à 30 ans en France en 2019plus de 80 % des jeunes sondés ont déclaré avoir été cyber-harcelés sur Facebook. 

Selon une étude Ipsos réalisée en 2021 auprès de 3000 français, le cyberharcèlement un problème « grave » pour 97% des répondants, et même « très grave » pour 68%. Par ailleurs, 76% des répondants pensent que ce problème va prendre de l’ampleur au cours des prochaines années.   

Les conséquences du harcèlement en ligne pour les victimes peuvent être tout aussi graves que lors de situations de harcèlement dans la vie « réelle ». 

Ainsi, 83% des parents d’enfants de moins de 18 ans se disent inquiets pour leurs enfants. 

Néanmoins, malgré cette situation très préoccupante, les prises de parole et les actions contre le cyberharcèlement restent pour beaucoup perçues comme insuffisantes : 1 Français sur 2 estime que l’on n’en parle pas assez, et près de 8 sur 10 que les actions mises en œuvres pour prévenir et lutter contre ne suffisent pas. 

De véritables drames se jouent parfois dans un silence étouffant sur les écrans des smartphones. Les experts s’accordent à dire que tant que l’on n’est pas confronté à un cas réel, il est difficile de mesurer l’impact dévastateur du cyber harcèlement sur la santé, le comportement et l’avenir de la victime, d’une part, mais aussi l’équilibre de l’entourage familial d’autre part. Et ces effets sont aussi significatifs sur le personnel encadrant et sa mission. 

À l’instar des étudiants qui suivent un enseignement généraliste et qui bénéficient de programme de sensibilisation, les apprentis peuvent être les acteurs malheureux des dangers des réseaux sociaux. Pouvant être victimes, témoins ou bourreau d’un usage du numérique qu’ils maitrisent mal, ces apprentis n’ont souvent pas bénéficié des mêmes campagnes de sensibilisation. Pourtant le secteur du BTP reste confronté à un certain nombre de préjugés voire de cas de discrimination que les récentes campagnes visent à combattre pour en améliorer l’image. 

Agir face à ce constat de vulnérabilité

Première association française d’éducation à la citoyenneté à l’ère numérique, Génération Numérique informe et éduque chaque année plus de 400 000 enfants, adolescents et adultes (parents et encadrants) pour qu’ils utilisent en toute sécurité et citoyenneté les outils et services numériques. Elle publie régulièrement des études pour mieux sensibiliser les publics aux risques numériques auxquels les mineurs sont exposés. 

Grâce à leur enquête menée entre septembre 2021 et janvier 2022 auprès de plus de 17 000 jeunes de 11 à 18 ans, l’association identifie des indicateurs déterminants pour une prise de conscience de la prévention à mener pour accompagner les apprenants.  

Bien que 6 répondants sur 10 déclarent avoir déjà été confrontés à des contenus numériques choquants ou haineux, seul un tiers des jeunes déclarait signaler les auteurs auprès de l’administrateur du réseau social ou du site.  

Plus de la moitié des jeunes utilisent leur vrai nom sur les réseaux sociaux.  

La pérennité de ce contenu pose pourtant question : près de 8 jeunes sur 10 pensent qu’il est difficile de supprimer un contenu qu’un autre internaute a posté sur eux.  

Parmi les déclarations de ces jeunes, d’autres chiffres sont encore plus inquiétants :  

• 52% des 15-18 ans déclarent avoir déjà communiqué avec un inconnu ou l’avoir accepté en ami ; 

• 58% des jeunes se sont déjà disputés avec une ou plusieurs personnes sur internet ; 

• 48% ont été insultés par une ou plusieurs personnes sur internet 

Les organismes de formation aux métiers du BTP peuvent les protéger en travaillant avec des associations telles que Génération Numérique. 

Mettre en place une éducation au numérique

Alors que les organismes de formation aux métiers du BTP préparent les jeunes qui se construisent un avenir et participent à l’avenir d’une filière, il semble déterminant d’adopter des bonnes pratiques du numérique. 

Plus de 90 % des apprentis ont un smartphone et l’utilisent quotidiennement dans l’établissement ou lorsqu’ils sont en poste dans leur entreprise formatrice.  

Applications de suivi de chantier tel que Trafman, outils numériques dédiés à la décarbonation tels que Carbon Saver, plateforme de béton en économie circulaire comme Ubeton, lunettes connectées de Lunaar, de nombreuses innovations mises en avant par le WinLab’ encouragent l’usage de terminaux numériques sur le chantier.  

Les métiers du BTP évoluent et être connecté n’est plus une option. Encore récemment, les entreprises développaient majoritairement leur clientèle grâce au bouche-à-oreille. Depuis, elles ont vu arriver les avis laissés par les clients sur Internet, l’audience et le nombre d’étoiles sur Google qui constituent un nouveau relai de promotion et de croissance.  

D’ailleurs les campagnes de promotion de la filière et des métiers sont diffusées sur les outils numériques. Les campagnes de recrutement de futurs apprenants comme Boost Apprentissage ou T’Es Refait performent au travers des réseaux sociaux pour attirer des jeunes… qui utilisent leur smartphone pour découvrir une perspective professionnelle. C’est aussi l’avènement des “influenceurs du BTP” qui réalisent des vidéos, des tutoriels ou des vidéos promotionnelles. 

L’enjeu n’est donc pas de savoir comment faire sans le numérique ou les médias sociaux mais plutôt comment préparer les apprentis à vivre et travailler avec. Mais au-delà des applicatifs métiers reconnus, une éducation au numérique doit être mise en place autour des nombreux usages extraprofessionnels.  

L’innovation est également dans l’usage que l’on fait des outils innovants. Le numérique doit être au service des hommes et non l’inverse.  

« Si l’homme ne façonne pas ses outils, ses outils le façonneront » Arthur Miller 

Le sujet doit être abordé par les organismes de formation pour protéger les apprenants, rassurer les proches et participer à l’attractivité des formations aux métiers du BTP.

En savoir plus 

Le Baromètre Vie Apprenti a été réalisé entre la mi-mars et la mi-juillet 2022. Cette enquête en ligne a été possible grâce à l’implication des équipes de 113 CFA regroupant la moitié des apprentis du BTP en 2020/2021. Ces équipes ont relayé auprès de leurs apprentis le lien électronique vers l’enquête : près de 18 500 réponses ont ainsi pu être collectées. Cela représente 21% des apprentis préparant une formation du BTP. Il s’agit de la 6ème édition de l’enquête BVA.  Les résultats des enquêtes du CCCA-BTP sont disponibles sur https://reperes.apprentissage-btp.com/ 

Pour contacter Génération Numérique : https://asso-generationnumerique.fr/contact/ 

Statista, Principaux réseaux sociaux sur lesquels se sont produites les situations de cyber-violence subies par les jeunes de 18 à 30 ans en France en 2019 

Ipsos, le harcèlement en ligne est un problème très grave selon 68% des Français 

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Olivier CENILLE, responsable du développement des partenariats WinLabolivier.cenille@ccca-btp.fr 

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