Euroskills 2021 : premier jour de compétition à Graz

Euroskills 2021 : premier jour de compétition à Graz

C’est parti ! Le début des épreuves de la 7e édition de la compétition européenne EuroSkills a débuté hier jeudi 23 septembre. Les dix compétiteurs tricolores du pôle BTP ont réalisé une première journée prometteuse. La dynamique d’excellence est engagée, la conquête du podium européen aussi. Dès le début des épreuves, déterminés et concentrés, ils ont eu à cœur d’exprimer sans préambule leurs talents et leurs savoir-faire métiers minutieusement aiguisés durant plusieurs mois de préparation.

Un monde en verre : gros plan sur les épreuves de miroiterie

La miroiterie fait son entrée en compétition aux EuroSkills. Pour que ce métier concourt au niveau européen, six pays a minima doivent inscrire en tant que nations participantes. Aux côtés de la France, la Russie, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et le Grand-Duché de Luxembourg participent à cette première édition.

Les compétiteurs doivent réaliser un meuble en verre, une sorte de desserte, avec deux blocs de 40 x 40 cm (superposés par des lames de verres) et, au-dessus, un plateau de service posé sur des tubes en inox. Un vitrail avec un motif défini (dessin 30 X 20 cm), composé de flammes de différentes couleurs, doit également être réalisé.

« Le façonnage est une des principales difficultés techniques. Il permet à la fois l’élimination des irrégularités du verre liée à la découpe et permet de donner un côté esthétique et design au verre. Il peut se faire à l’aide d’une machine pour le façonnage rectiligne. Mais, avec une courbe, le façonnage se fait à la main avec une machine à bande. Cela demande un doigté particulier. L’autre difficulté réside dans la création d’un vitrail : en France, ce savoir-faire appartient au vitrailliste et non au miroitier, alors qu’en Autriche un artisan fait les deux », explique Benoît Leclerc, expert métier miroiterie WorldSkills France.


 

Laura Verrecken, 23 ans, originaire de Lille, est la compétitrice française. Titulaire d’un CAP Arts et techniques du verre option décorateur sur verre et ensuite d’un BMA Verrier décorateur, a souhaité prendre une année sabbatique pour se consacrer entièrement à la préparation des EuroSkills, avant de créer son entreprise de miroiterie : « J’ai décidé de m’y consacrer à 100 %, sachant que je ne pourrai pas le tenter une autre fois. Quand je me remémore les émotions lors de la finale nationale à Caen, en 2018, beaucoup de personnes souhaiteraient ressentir ce que j’ai vécu. La première journée de compétition des EuroSkills était stressante. J’ai pris un peu de retard au bout de deux heures après le début de l’épreuve. Mais ce n’est pas fini, je reste concentrée. C’est dans la tête que tout se joue. »

 

« C’est magique d’être là à Graz pour encourager ma fille Laura. Les candidats sont soudés, c’est une véritable famille. Laura se remet souvent en question. Mais je suis confiante et elle a de l’or dans ses mains. Déjà toute petite, elle bricolait toutes sortes de choses, elle fabriquait par exemple des bijoux en perle. Ce que je faisais en deux jours, il lui suffisait de quatre heures ! », confie Sandrine Grard, maman de Laura Vereecken.

Sur les toits autrichiens : gros plan sur les épreuves de couverture métallique

Les compétiteurs doivent réaliser en aluminium la couverture de la Tour de l’Horloge, symbole de la ville de Graz, située sur la colline du Schlossberg. Les candidats connaissaient 80 % du sujet. L’épreuve est constituée de trois modules : réalisation d’une pénétration, qui est l’intersection d’un pan de toiture avec une structure saillante, représentée ici par la tour. Le travail est complété par le façonnage et la pose d’une besace, en arrière de la Tour, pour évacuer les eaux pluviales. Le deuxième module est consacré à l’habillage de la tour. Les compétiteurs finissent par la réalisation d’une noue, constituée par l’intersection de deux versants d’une toiture, formant un angle rentrant.

« Le pliage, la prise de cote, avec une marge d’erreur de deux millimètres, et l’assemblage sont les points les plus techniques. Donovan est très serein, il a terminé sa première journée avec presque une heure d’avance. Il a pu préparer le deuxième module, prendre les cotes et façonner. Ce qu’il a fait aujourd’hui est parfait à l’œil. C’est la prise de cote qui va faire la différence », explique Frédéric Rimbault, formateur de Donovan à BTP CFA Sarthe (Le Mans).

 

 

 

 

« La première journée était déterminante pour moi. C’est celle qui mène la danse ! Je suis content de ce que j’ai fait. Après, on est toujours déçu par des petites rayures, des petites imprécisions. C’est celui qui fera le moins d’erreur qui remportera la médaille d’or. La maquette est très jolie à faire et nous travaillons avec ce qui se fait de mieux. Je ne connais pas meilleure machine de pliage que celle que nous utilisons et nous façonnons des plaques en aluminium fabriquées en Autriche. Je pensais être beaucoup plus stressé. En fait, je prends énormément de plaisir. C’est tellement exceptionnel d’être là avec l’ambiance, le public… j’ai la banane ! », explique Donovan Lefeuvre.

Taillé pour en découdre : gros plan sur la taille de pierre

La compétition taille de pierre d’une durée de 18 heures est composée de trois modules : réalisation des gabarits en zinc, réalisation d’une gravure et d’une ornementation et taille de la pierre. « Il y a beaucoup de points à gagner sur la précision. C’est de l’ordre du demi ou du quart de millimètre, on n’a pas le droit à l’erreur. Alexis travaille sur une pierre calcaire dur, mais friable : sur la manière dont il aborde la matière, elle peut plus ou moins s’effriter. Ce n’est pas un sujet qui semble compliqué au premier abord, il nécessite beaucoup d’attention sur la finition, en sachant bien jauger le temps « est ce que je vais vite, ou dois-je chercher une bonne finition ? », précise Benoît Bianchi, expert métier en taille de pierre.




« J’ai démarré avec un coup de pression. Il le fallait, ça m’a permis de rentrer dans la compétition. J’ai raté un gabarit que j’ai dû refaire. Malgré cette erreur, j’ai terminé dans le temps, avec huit minutes en avance. Je redoute la finition de cette pierre claire autrichienne, qui est à la fois dure et qui peut être friable. La taille va être délicate, je vais devoir tailler souvent mes outils. J’ai l’habitude de travailler toutes les pierres, je suis dans mon élément », confie Alexis Tatin, le compétiteur français en taille de pierre.  

 

Rencontre avec… Armel Le Compagnon, président de WorldSkills France : « Je suis particulièrement impressionné par les compétiteurs du pôle BTP et la dynamique d’excellence qui se dégage. »

Qu’avez-vous ressenti en ce premier jour de compétition à Graz

C’est un grand soulagement pour tout le monde et un espoir d’épanouissement pour les compétiteurs. Ce sont des exemples pour tous les jeunes, la démonstration que chacun et chacune, avec du travail et de la passion, peut se hisser vers l’excellence. Cela fait quatre ans que les jeunes traversent des périodes difficiles liées à la crise sanitaire. Pour maintenir cette dynamique d’excellence, nous nous sommes appuyés sur notre réseau d’experts et de coachs, qui ont continué d’entraîner les jeunes de l’Équipe de France des Métiers et de les accompagner. Ce fut un travail de tous les instants, pour maintenir la dynamique d’excellence que nous avons impulsée. Toutes les équipes bénévoles qui entourent les compétiteurs font un travail remarquable, sans eux, rien ne serait possible.

Quel est l’état d’esprit de l’Équipe de France des Métiers ?

Chaque matin, le délégué technique d’EuroSkills fait un rapport sur l’état général de notre équipe. Elle est au top !… avec des compétiteurs plus motivés que jamais. Les compétiteurs du pôle BTP sont à bloc. Je suis impressionné par la dynamique d’excellence qui se dégage de tous ces jeunes. Les résultats s’annoncent prometteurs. Je suis convaincu que nous allons vivre de belles surprises. Les entraînements ont été importants et réguliers. Les compétiteurs sont plus motivés que jamais !

C’est de bon augure pour les prochains grands rendez-vous ?

Avec la finale nationale à Lyon en janvier 2022, la compétition internationale à Shanghai en octobre 2022 et celle que nous aurons l’honneur d’accueillir à Lyon en 2024, il y a un très fort enjeu, qui nécessite une grande préparation. Pour le BTP, WorldSkills France, avec le soutien du CCCA-BTP, mène le projet « Excellence BTP », qui vise notamment à préparer et accompagner les talents de demain, promouvoir l’excellence et la performance dans les centres de formation, communiquer sur l’excellence des jeunes, les métiers, les compétitions et former à l’excellence la génération WorldSkills Lyon 2024.