Newsletter n° 11 – 11 mai 2022

La loi « Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire », quel réemploi pour les différents déchets du bâtiment. 

Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la loi AGEC va obliger l’ensemble des acteurs des univers complémentaires du BTP (démolition, conception, et construction) à faire évoluer leurs pratiques vers des méthodes de travail plus vertueuses. Le fléau constitué par les quantités énormes de déchets, soit actuellement 42T annuelles générées par l’ensemble du secteur ne pourra être atténué qu’en organisant des filières de réemploi pour chaque type de matériau. 

La gestion des déchets de chantier est une problématique ancienne pour laquelle certaines structures ont déjà été mises en place, notamment la possibilité de remblayer des fosses ou carrières lors d’aménagements paysagers… La véritable valeur ajoutée va résider dans un recyclage plus ciblé dans un réemploi de haute qualité contrôlée, cela génèrera une nouvelle économie et rassurera le futur utilisateur de ces matériaux.

Pour chaque catégorie de matériau nous citerons en exemple des entreprises innovantes qui transforment les déchets en produits de construction réutilisables : 

Le béton, avec ses 20MT de déchets annuels arrive en tête des matériaux à recycler. Après concassage et criblage, le béton est recyclé en 60% de sable et 40% de gravillons. Ces déchets peuvent être substitués aux matériaux naturels dans le cas de la fabrication d’un nouveau béton. Les ouvrages élaborés avec ce produit recyclé sont testés avec soin (retrait, fissurations) ; les résultats (notamment présentés par la Sté Cemex) sont encourageants, les bétons recyclés présentent un comportement quasiment identique aux bétons courants. Mais la quantité de sable recyclé étant largement supérieure aux besoins dans le cadre de la réalisation de nouveaux bétons que d’autres pistes sont étudiées. Le projet Recybéton va réutiliser ces sables pour la fabrication du ciment : Le sable va être ajouté au mélange argile calcaire avant cuisson. 

• La Société MS travaille sur la revalorisation du sable et des boues. Son activité initiale était le retraitement et le lavage des sables pour recyclage. Par la suite, cette société s’est intéressée aux boues injectées dans le cadre de forages ou de stabilisation de tunnels durant leur percement. Une fois l’ouvrage réalisé, la boue est récupérée et asséchée jusqu’au prochain réemploi. 

Knauf Circular récupère les déchets propres de polystyrène expansé en provenance du bâtiment et également de l’industrie, des grandes surfaces, des produits de la mer etc. Les déchets sont valorisés en divers emballages mais surtout en nouveaux isolants du bâtiment, évitant ainsi l’enfouissement ou les déchetteries sauvages. 

• Des chercheurs Québécois se penchent sur le recyclage du verre mixte. Provenant en grande majorité des bouteilles de vin, contrairement au verre incolore facilement recyclable, le verre mixte va être, après broyage, à l’origine d’un nouveau matériau cimentaire à destination des entreprises de bâtiment. 

• Le groupe Menrec s’est spécialisé dans la collecte de menuiseries vitrées et les achemine vers l’unité de démantèlement. Les matériaux y sont séparés : verre incolore, bois alu, PVC, pour être dirigés vers des centres de recyclage. 

• Menrec intègre la société Riou Glass transformant le verre incolore en calcin dont 30% sera intégré à des nouveaux produits verriers. 

L’aluminium est reconditionné mais son prix dépasse pour l’instant celui du matériau neuf. La démocratisation de cette pratique permettra la baisse des coûts. 

– La société Veka recycle les chutes de PVC en nouveaux profilés et souhaiterait augmenter ses volumes de production. 

– Restent les menuiseries bois, qui seront transformées en meubles design par les sociétés Millet/RU Editions. 

• Pour le reste des déchets dits « non recyclables » non inertes et non dangereux, plastiques, cartons isolants etc…une technique innovante va permettre leur « fossilisation » accélérée. Le processus naturel transformant en minéraux des déchets organiques va être considérablement raccourci via un traitement industriel. La société Néolithe, près d’Angers, déploie 25 fossilisateurs dans des centres de tri et transforme ces déchets divers en cailloux et granulats à utiliser comme composant du béton ou en sous couches routières. 

De nombreuses entreprises dynamiques se lancent dans l’aventure du recyclage et l’on peut espérer qu’à terme, l’ensemble des acteurs du BTP sera intégré à la démarche désormais incontournable. Pour l’instant, tentons d’identifier les freins qui pourraient ralentir le développement de ces solutions. 

Les principaux obstacles rencontrés aujourd’hui sont la complexité des process, le côté aléatoire des approvisionnements et le besoin de proximité entre les centres de gestion des déchets et les chantiers en tant que producteurs et consommateurs. De nouvelles entreprises voient le jour pour répondre à cette problématique : Menrec (évoquée plus haut), Hésus et d’autres… Elles constituent les intermédiaires entre chantiers, transporteurs et entreprises chargées de la valorisation des déchets. 

Ce sera désormais à ces différents acteurs dont font partie les OFA, de se rapprocher de ces filières et d’adapter leurs pratiques afin de participer activement à cette nouvelle économie circulaire. 

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Yolande SELLIER / Yolande.SELLIER@ccca-btp.fr

Anne ROSSNER / anne.rossner@ccca-btp.fr

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