Le numérique au service de la rénovation globale et de la performance énergétique des bâtiments

Lors d’une conférence organisée au sein de l’événement BIM World Jumeaux Numérique et animée par Olivier Cenille, 4 professionnels ont discuté sur le sujet du numérique dans la rénovation globale et la performance énergétique des bâtiments.  

Les données, des sources d’éclairage et d’optimisation

Tout d’abord les intervenants ont insisté sur l’utilisation des données dans le secteur du BTP. La transition numérique dans le secteur du bâtiment a permis de rendre visible des données qui étaient auparavant inaccessibles. Dorénavant, il devient possible de faire des études et des analyses à partir de ces données pour ensuite en dégager des scénarios, des tendances et des projections. Tout cela permet à la fois d’anticiper mais aussi d’orienter les grandes stratégies du secteur de la rénovation. 

Dans le cadre de la rénovation énergétique par exemple, le programme RenoBoost développé par le CCCA-BTP aide désormais à scénariser les besoins en compétences et en emploi de la filière. Cependant, ces projections doivent se faire par territoire puisque chacun d’entre eux ont des problématiques différentes : ils ne sont pas confrontés aux mêmes enjeux climatiques et économiques, les ressources disponibles et les matériaux utilisés dans la filière ne sont pas les mêmes.  

Le numérique permet également une optimisation des chantiers. Nurra Barry, fondatrice de Carbon Saver, explique que « le numérique s’est rapidement imposé parce qu’il y a trop d’informations à traiter sur les chantiers comme les matériaux, les déchets, le personnel présents… ». Selon elle, il est donc important de proposer des outils pour optimiser les chantiers, choisir les bons matériaux et en bonne quantité… Toutefois, il faut être vigilant à coconstruire ces outils avec les utilisateurs finaux afin d’en assurer une meilleure adoption sur le terrain.  

L’IA un outil facilitateur mais à utiliser avec lucidité

L’intelligence artificielle a évidemment été abordée au cours des conférences. Les professionnels ont reconnu que cet outil était un véritable allié à différentes étapes, comme pour la conception de bâtiment, la planification de chantier ou la détection de non-conformité, par exemple.  

Selon Julien Kistler, le fondateur de Visuary, l’IA et le numérique, comme le BIM, permettent de mettre à contribution le client final pour finaliser la conception. Ces outils sont un véritable atout pour que la réalisation du professionnel colle au mieux avec les besoins de son client. Selon lui, les entreprises du bâtiment sont très douées dans la réalisation mais peuvent rencontrer des difficultés dans la conception, c’est à cette étape que l’utilisation d’outils numériques et d’IA peut avoir un réel bénéfice. David Carvalho, fondateur de L2 concept, est convaincu que les outils numériques vont permettre de faire du sur-mesure en fonction des besoins liés à l’habitat. Ainsi, le secteur passera de la performance à la robustesse et de l’ère de l’industrialisation à un secteur à l’ère servicielle.  

De fait l’IA va permettre de décloisonner les métiers, qui deviendront plus systémiques et qui embarqueront de nouvelles activités (par exemple : le recyclage, le tri des déchets…) ce qui engendrera une évolution des compétences.  

Cependant, des limites ont été exprimées sur ce volet :  

  •   –  Les outils conçus à 100% avec de l’IA peuvent devenir incontrôlables et donner des résultats erronés, une base solide et un contrôle humain sont donc indispensables ; 
  •   –  La question de la consommation de ressources est centrale. Il parait peu logique d’utiliser de grandes quantités d’IA très énergivore dans le but de concevoir des bâtiments durables, le positionnement serait mauvais ; 
  •   –  Nurra Barry a également tenu à rappeler que l’économie de l’IA telle qu’on la connaît et telle que nous l’utilisons aujourd’hui est fortement dépendante du cours des technologies comme, par exemple, celui des puces Nvidia. Ces composants technologiques ne sont pas une ressource illimitée et toujours certaine.  

Le rôle de la formation

Pour limiter les freins liés à l’adoption du numérique et des nouvelles technologies, la formation et l’acculturation apparaissent comme des leviers indispensables. Plus il y aura de personnes sensibilisées à l’utilisation du numérique, aux bénéfices que celui-ci peut apporter dans les métiers du BTP et à comment il peut les faire évoluer positivement, plus il sera simple d’intégrer de nouveaux outils basés sur le numérique et sur l’IA dans les tâches quotidiennes.   

Les centres de formation ont donc un rôle prépondérant à jouer pour sensibiliser leurs apprentis à l’utilisation d’outils numériques, basés sur l’IA, pour gagner en productivité, en efficacité mais aussi en robustesse dans la conduite de projet.  

Plus d’informations sur les intervenants :

  •   –  Julien KISTLER, Fondateur, Visuary 
  •   –   David CARVAHLO, Fondateur, L2 Concept 
  •   –   Nurra Barry, Fondatrice, Carbon Saver 
  •   –   Franck LE NUELLEC, Directeur du Marketing, du Développement et de l’Innovation stratégique, CCCA-BTP  

Besoin d’infos complémentaires ?

Fiona NOYER, Analyste veille :

fiona.noyer@ccca-btp.fr

Olivier CENILLE, Responsable du développement des partenariats, Win’Lab : 

olivier.cenille@ccca-btp.fr