Newsletter n° 18 – 20 janvier 2023

Pourquoi la COP15 concerne le BTP ?

Forêt verticale de Milan© Balazs – stock.adobe.com

Au début du mois de décembre 2022 se tenait la COP15 de l’ONU sur la biodiversité à Montréal. Si elle est moins populaire et a accueilli moins de chefs d’Etat ou de journalistes que la COP27, elle est sans aucun doute au moins aussi importante sinon plus. Les négociateurs du monde entier ont adopté un nouvel accord avec des engagements historiques pour la biodiversité.

Ils concernent directement les acteurs de la construction.

Les engagements notables de la COP15

L’engagement le plus fort et emblématique de cette COP est l’accord visant à garantir que 30 % des aires terrestres, aquatiques, côtières et marines du monde puissent relever d’une forme de conservation d’ici 2030. En outre, un autre objectif de l’accord stipule qu’au moins 30 % des écosystèmes dégradés doivent être restaurés d’ici 2030.

L’accord appelle les pays à mobiliser des ressources financières importantes pour financer les engagements pris à Montréal. Cela comprend un engagement à collecter 200 milliards de dollars par année auprès de toutes les sources publiques, privées et philanthropiques, ainsi que 30 milliards de dollars d’aide annuelle à transférer des pays riches vers les pays en développement, toujours d’ici 2030.

Totem de la COP15 ©Source cpaws.org

Les gouvernements doivent s’assurer que les grandes entreprises et les institutions financières surveillent et divulguent l’impact de leurs activités sur la nature. Les entreprises sont également tenues de fournir des informations aux consommateurs afin de promouvoir des choix de consommation durables et de se conformer aux réglementations en place pour réduire les impacts négatifs sur la biodiversité.

Les signataires sont invités à réduire l’impact négatif de la pollution de toutes les sources à des niveaux qui ne sont pas nocifs pour la nature d’ici 2030. Cela comprend la réduction de moitié du « risque global » des pesticides et des produits chimiques dangereux d’ici la fin de la décennie, et l’élimination graduelle de la pollution par les plastiques.

Les gouvernements s’engagent à aider les citoyens à faire des choix de consommation durables par le biais de politiques, de réglementations et de sensibilisation. D’ici 2030, ils s’engagent à réduire de manière équitable l’empreinte mondiale de la consommation et à réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial.

Le WinLab’, une journée à la COP15

Le 12 décembre, WinLab’ l’incubateur du CCCA-BTP était présent à Montréal pour participer à la journée Villes et Gouvernements de la Zone d’action publique de la COP15.   

« Préférer l’imperfection au néant ! »

Lorsque Bruno Marchand, Maire de la ville de Québec a prononcé cette phrase, le ton était donné sur les latitudes des villes pour faire face à leur engagement en faveur de la biodiversité.

Il ambitionne de faire de la capitale du Québec la première ville en Amérique du Nord ayant reçu la désignation de l’UNESCO : Ville de biosphère.

Le reporter américain Jeff Corwin a sillonné la planète pour ses documentaires animaliers. Il témoigne des bouleversements qu’il a constaté au gré de ses reportages.

Le marché noir des animaux sauvages et la pollution des ressources sont des facteurs critiques pour la préservation de la biodiversité. Il y a également le réchauffement climatique qui est à la fois une source et conséquence directes de la disparition des espaces naturels. 

Mais la première cause de la perte de la biodiversité reste la destruction des espaces naturels. Chaque heure, ce sont 1 200 hectares de forêts qui sont détruits, soit l’équivalent de 1 715 terrains de football ! À ce rythme, d’ici 20 ans, il n’y aura plus de forêts tropicales humides en dehors des réserves protégées. Pourtant ces zones sont les berceaux de la biodiversité, un écosystème sensible dont nous dépendons plus que nous le pensons. Car dans ces pharmacopées à ciel ouvert, les scientifiques viennent chercher les molécules utiles à la fabrication de médicaments permettant de combattre les maladies actuelles et se préparer à affronter les épidémies à venir.

Le cadre règlementaire et le manque de moyens financiers sont les principaux freins des collectivités québécoises pour agir pour la préservation de la biodiversité de leur territoire. Car choisir de protéger la biodiversité plutôt que d’opter pour un programme immobilier coûte plus cher à la municipalité et offre un moins bon retour sur investissement. Cela nécessite de convaincre l’usager des bienfaits des efforts qu’il consent, que ce soit pour les financements ou la privation d’espaces qui sont destinés à la biodiversité.

Pour autant de plus en plus de municipalités prennent en compte la biodiversité dans leur planification territoriale. Elles accompagnent les promoteurs avec un encadrement plus strict du respect de la biodiversité.

Toutefois, il y a finalement peu d’échanges entre les décideurs du BTP et les partenaires publics alors que la Construction est l’un des acteurs clés de la préservation des espaces naturels et de la biodiversité. Cela se limite à des points de frictions plus ou moins forts lors de l’arrêt momentané ou définitif d’un chantier.

C’est pourquoi il serait utile de sensibiliser et d’impliquer les professionnels du BTP durant leur parcours de formation et d’apprentissage afin qu’œuvrer pour la préservation de la biodiversité ne soit pas un effort mais une conviction. Pour autant les élus que nous avons rencontrés n’ont pas eu l’opportunité d’agir auprès des apprenants.

À l’image de Québec, Sherbrooke, Terrebonne, Gatineau, Boucherville qui ont témoigné durant cette journée organisée par le Réseau Environnement, de nombreuses villes s’engagent pour la biodiversité.

Leurs initiatives variées offrent de réelles opportunités de faire collaborer les professionnels du BTP et les collectivités pour mieux prendre en compte la biodiversité dans la planification territoriale, tout en repensant la façon de communiquer avec le citoyen car les habitudes sont dures à changer notamment chez les anciennes générations.

La ZAN, la mesure phare de la France depuis 2018

La Zéro Artificialisation Nette (ZAN) consiste à réduire au maximum l’extension des villes en limitant les constructions sur des espaces naturels ou agricoles et en compensant l’urbanisation par une plus grande place accordée à la nature dans la ville.

Vue de Nantes © Leonid Andronov – stock.adobe.com

C’est un objectif fixé pour 2050 mais il demande dès à présent aux territoires, communes, départements et régions de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020.

Les collectivités françaises doivent respecter un engagement ambitieux consacré en 2018 par le Plan Biodiversité, puis en 2020 par la Convention citoyenne et inscrit dans la loi Climat et résilience (Loi 2021-1104 du 22 aout 2021).

Dans une étude réalisée auprès d’un panel de décideurs des collectivités, d’entreprises du BTP et d’un échantillon représentatif de la population française par Infopro Digital Etudes en 2020 pour le Département de Loire Atlantique, la Gazette des communes et le Moniteur, 88% des entreprises de la construction interrogées considèrent la lutte contre l’artificialisation des sols comme un enjeu majeur dans la préservation de la biodiversité et le maintien des terres agricoles. Ils sont autant à déclarer en tenir compte dans leurs projets. Beaucoup y voient une opportunité de développement plutôt qu’un frein.

Pour contribuer à l’atteinte de l’objectif de zéro artificialisation nette, collectivités et entreprises du bâtiment considèrent qu’un recensement précis des friches et secteurs densifiables pour l’élaboration des PLU devrait être obligatoire. Et il faut, selon elles, concentrer les efforts sur les surfaces commerciales et économiques et les zones industrielles pour maîtriser l’artificialisation. Mais il faut également repenser l’habitat. Cependant, les Français ne sont pas prêts à renoncer à leur mode de vie.

BTP protecteur de la Biodiversité

La biodiversité est un enjeu crucial dans le secteur du BTP en France. En effet, de nombreux projets de construction ou de rénovation peuvent avoir des impacts négatifs sur l’environnement, la faune et la flore d’un territoire.

Les professionnels de la construction doivent prendre en compte ces enjeux dès la conception des projets et mettre en place des mesures pour protéger la biodiversité et minimiser ces impacts afin d’éviter des retards voire des interdictions de réaliser les chantiers concernés.

Car il devient urgent de concevoir ou rénover des bâtiments et des infrastructures de manière à ce qu’ils soient plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité, en utilisant des matériaux écologiques et biosourcés, en créant des toitures et des murs végétalisés ou en prévoyant des espaces verts naturalisés autour des bâtiments.

Il est important de sensibiliser les professionnels du BTP aux enjeux de la biodiversité et de leur fournir les outils nécessaires pour mettre en œuvre des solutions durables.

Cela peut se faire par le biais de formations ou de campagnes de sensibilisation des apprenants à la nécessité de mener des études d’impact sur l’environnement avant le début des travaux pour identifier les espèces et les écosystèmes qui pourraient être affectés par les projets et mettre en place des mesures pour les protéger.

En agissant de cette manière, le BTP peut contribuer à la protection de la biodiversité et à la préservation de l’environnement pour les générations futures.

La startup à suivre : Tech4Gaïa

En réalité son innovation a 100 millions d’années : l’abeille. Elle est un biomarqueur naturel de la vitalité de l’écosystème. La startup française a créé NOEHMI, une solution qui met la donnée des pollinisateurs au service des acteurs des territoires pour améliorer les pratiques agricoles, apicoles et la qualité de l’environnement. Grâce à la collecte des données environnementales et la modélisation de la vitalité des pollinisateurs, cette plateforme unique permet de donner une continuité aux actions en faveur des pollinisateurs, de faciliter le suivi des mesures engagées et de réduire considérablement les coûts environnementaux.

Sauver l’abeille c’est préserver 100% des pollinisateurs

L’application à tester :R4RE

Cet outil permet d’obtenir un diagnostic de résilience d’un bâtiment. En sélectionnant l’adresse et en répondant à une série de questions sur un bâtiment ou un projet, il est possible d’utiliser BiodiBat pour obtenir un diagnostic d’impact précis sur l’État de la biodiversité.

Le rendez-vous : WinLab’ Innovation Live

le premier WIL de l’année 2023 aura lieu le jeudi 16 février à 11h30, et portera sur le rôle de l’innovation et de la formation dans le BTP pour préserver la biodiversité.

Vous êtes intéressé ? Besoin de plus d’information ? Contactez-nous :

Olivier CENILLE, responsable du développement des partenariats WinLabolivier.cenille@ccca-btp.fr 

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