Lancé en 2007 et renouvelé en 2018 dans le cadre d’une quatrième convention, le programme FEEBAT (Formation aux économies d’énergie dans le bâtiment – feebat.org) vise à développer les compétences professionnelles en lien avec l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments. Il propose des modules de formation initiale aux économies d’énergie au profit des formateurs et enseignants chargés de former les futurs professionnels (apprentis et élèves) du niveau CAP au BTS, en plus de ceux déjà proposés aux professionnels. Préalablement au déploiement des modules, des sessions pilotes sont organisées afin de recueillir les avis des utilisateurs et d’apporter les ajustements nécessaires.
C’est dans ce cadre que deux formateurs et des apprentis de CAP et de BP du secteur énergétique au BTP CFA 19 Tulle-Brive ont participé à une session pilote du programme FEEBAT. Ils ont pu tester le fonctionnement et la valeur ajoutée de trois capsules de formation traitant de l’installation de modules d’une pompe à chaleur et de la préparation de l’installation d’une chaudière biomasse (granulés de bois).
En coopération avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le CCCA-BTP accompagne la production de ces ressources pédagogiques. « Le programme FEEBAT est une boîte à outils intuitive, flexible, pensée pour stimuler l’apprentissage et l’ancrage mémoriel, indique Alice Pingault, pilote du projet FEEBAT chez Very-Up, l’un des concepteurs du module testé au CFA. Le professeur ou le formateur est libre de l’utiliser à sa guise, d’adapter les contenus à ses besoins et aux équipements disponibles dans son établissement. » Au total, ce lot 1 du module 4 comprend une vingtaine de capsules de niveau 3 (CAP) et 4 (BP et bac professionnel) totalisant 200 heures de formation.
Alice Pingault, pilote du projet FEEBAT chez Very-Up
Huit apprentis et leur formateur ont ainsi été mis en conditions réelles, autour de la table et du support d’e-learning projeté pour tester le module de formation portant sur l’installation des modules extérieur et intérieur d’une pompe à chaleur.
« Ce sont les pionniers du module 4, précise Alexis Herbet, coconcepteur des contenus techniques. L’idée est de répéter le discours du formateur, de tester le dosage d’informations ou le niveau d’interactivité. » Dynamique, grâce à sa suite d’animations pédagogiques chronologiques, la capsule déroule une à une les étapes d’installation d’une pompe à chaleur : équipements de protection individuelle, outillage nécessaire, calcul des cotes d’implantation, percements pour les liaisons frigorifiques, support de pose, ensemble de tâches auquel les apprenants se sont consciencieusement attelés.
Alexis Herbet, coconcepteur des contenus techniques
« Aux formateurs, à terme, de faire des impasses, de déconnecter ou d’ajuster eux-mêmes le fichier », continue Julien Thomas, représentant de l’Agence Qualité Construction, en évoquant la capsule observée la veille : « les enjeux du chantier, les contrôles à effectuer au regard de ce qui a été vendu par le commercial… C’est un parcours complet ! »
Julien Thomas, représentant de l’Agence Qualité Construction
Après la théorie, vient le temps de l’exercice des gestes métiers. Au menu, quatre séances de travaux-pratiques en lien avec l’installation d’une pompe à chaleur : percement du mur préalablement monté par les apprentis en maçonnerie, réalisation du socle de l’unité extérieure, pose des unités intérieure et extérieure. Des petits groupes d’apprenants interviennent simultanément sur un modèle de PAC, chacun à leur poste. Coachés à la volée par leur formateur, ils s’appuient également sur le cahier d’activité, qui décrit une à une les tâches à réaliser : outils à utiliser, schémas et conseils techniques à suivre, conditions de sécurité à respecter, éléments à contrôler. Un phasage ponctué d’exercices, qui favorise la réflexion, le travail d’équipe et la mémorisation : « Ils foncent », souligne le formateur, alors que le groupe affecté au socle doit recommencer pour ne pas avoir suivi les consignes. De leur côté, les observateurs FEEBAT questionnent, orientent tandis que Jean-Philippe Bichaud souligne deux grands bénéfices : de la montée en compétences pour tous et le décloisonnement des métiers du BTP, grands leviers des transitions face aux défis climatiques !
Chaque session pilote s’achève par un retour d’expérience entre jeunes, formateurs et observateurs FEEBAT. « Le cahier d’activité est très pratique à remplir. Il nous oriente sur ce qu’on doit faire en pratique, écrire permet de mieux retenir. On peut le conserver et le consulter après-coup. Par contre, les animations sont denses. Les EPI, par exemple, on n’a pas besoin de les rappeler tout le temps, on les connaît », intervient un apprenti. « C’est vrai, mais vous les oubliez souvent. La sécurité est un point clé », rappelle le formateur. « En revanche, pour les plus hauts niveaux, on peut privilégier les contenus techniques ; ils n’attendent que ça. Passant beaucoup de temps en entreprise, ils sont dans une dynamique métier et non dans un schéma scolaire. » D’autres points d’amélioration ont été évoqués, parmi lesquels la facilité d’accès aux capsules de formation, l’appropriation des contenus et des modalités d’animation par le formateur, acteur clé de la transmission et de la tenue des objectifs pédagogiques : réaffirmer la contextualisation et inciter à l’utilisation des supports digitaux en autonomie, sur ordinateur.
« Plus la prise en main est facilitée, plus l’enseignant utilisera, s’appuiera sur les ressources FEEBAT », termine Roger Godin, enseignant détaché à mi-temps sur le programme. « Il faut vraiment ancrer l’idée que ces capsules sont utilisables, adaptables, modifiables à la carte. » Ce débriefing alimentera les ajustements, prévus pour septembre 2025, en attendant le déploiement du module 4 en 2026.
Roger Godin, enseignant détaché à mi-temps sur le programme FEEBAT
Le programme s’inscrit aujourd’hui dans le dispositif des certificats des économies d’énergie (CEE), porté par les fournisseurs d’énergie, les organisations professionnelles du bâtiment et les pouvoirs publics, dont l’ADEME et plusieurs ministères. En 2022-2025, il a été doté de 20 M€, dont 12 M€ attribués à la formation initiale. Les objectifs sont en passe d’être atteints : un total de 800 heures de formation du module 0, très généraliste et tout public, au module 4, dans 1 400 établissements et centres de formation, à destination de 100 000 jeunes chaque année et par l’intermédiaire de 12 000 enseignants et formateurs.
Les formations sont conçues par un groupement de trois prestataires, selon un processus très normé, ponctué d’étapes de recettage des scénarios et des productions. Le bureau d’études Pouget Consultants et le COSTIC produisent les contenus techniques, base qui permet à Very-Up de concevoir les capsules thématiques. S’ensuit une montée des versions, jusqu’à validation, puis la formation de formateurs d’organismes de formation habilités FEEBAT, avant le déploiement des sessions de formation en région. Les modules 2 et 3 du programme FEEBAT seront déployés en 2025, le module 4 le sera ensuite.
Les capsules de formation à destination des jeunes sont toutes conçues pour que l’enseignant ou le formateur puisse facilement construire des parcours de formation hybrides, correspondant aux objectifs des compétences professionnelles des référentiels des diplômes préparés. C’est l’une des forces de ce programme destiné à la formation des jeunes. En autonomie, en présentiel en classe et à l’atelier, les jeunes acquèrent ainsi des savoirs et savoir-faire toujours actualisés en prise directe avec la réalité du terrain. Une bibliothèque numérique innovante est mise à disposition, avec des guides d’accompagnement, des supports pédagogiques digitaux et même des objets 3D accessibles via Aptyce, la plateforme de formation à distance du CCCA-BTP, ou Nuage, celle du ministère de l’Éducation nationale.
Jean-Philippe Bichaud, inspecteur de l’Éducation nationale de la filière bâtiment (académie de Limoges) et coordinateur FEEBAT pour le ministère.
« Avec le programme FEEBAT, on fait bouger la formation dans le bâtiment : classe inversée, « pitching » du cours, identification d’environnements techniques en réalité virtuelle, utilisation de vidéos interactives, exploitation de maquettes BIM, réactivation des points clés… Quand les jeunes sont acteurs de leur formation, les professeurs et les formateurs changent de posture et d’habitudes. On incite à la pédagogie de projet. Ce programme aux dimensions nationales met à disposition une base de ressources techniques et pédagogiques innovantes et adaptables aux besoins de chacun C’est une réponse incontournable aux objectifs de la formation des futurs professionnels, qui seront tous concernés par l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments. »