Assommée par un bilan carbone très défavorable, dans un contexte de réchauffement climatique avéré, la filière fioul semblait condamnée. En effet, un décret du 5 janvier 2022 interdisait l’installation de chaudières au fioul neuves. C’est dans ce contexte très incertain et pour répondre à la demande de plus de 3 millions de ménages en France utilisant encore ce système de chauffage que la filière fioul a entamé une restructuration de sa filière, d’autant qu’un décret paru au Journal Officiel d’octobre 2022 autorisait la mise sur le marché du biofioul F 30. La finalité est de passer d’un fioul très polluant, à un biofioul dont la composition favorisera aussi l’agriculture française grosse productrice de colza. Alternativement efficace, techniquement fiable, n’émettant que 60 g de CO2 par KWh, et répondant donc à la norme écologique, bien qu’il soit encore environ 15 % plus cher, le biofioul commence progressivement à remplacer le fioul fossile comme énergie pour les chaudières fioul installées. De plus, si en 2022 la part d’EMAG de colza représente 30% (biofioul F30), à l’horizon 2025-2026, un biocombustible composé à 55% d’EMAG de colza devrait être mis sur le marché. L’objectif pour 2040 est de produire un biofioul 100% renouvelable composé donc de 0% d’origine fossile. Le projet est ambitieux mais réaliste tant techniquement qu’économiquement.
C’est la question que tout ménage possédant une chaudière fioul est en droit de se poser et doit se poser. En effet, le passage au biofioul impose une modification de la chaudière au fioul classique. Cependant, il s’agit plus d’une adaptation que du remplacement d’un système complet. On ne peut donc pas dire que toutes les chaudières fioul sont obsolètes mais qu’elles sont « upgradables » (modernisable, améliorable) pour évoluer et fonctionner au F30. Ainsi, les propriétaires d’une chaudière fioul classique pourront passer à une chaudière biofioul en remplaçant le brûleur de leur chaudière par un brûleur compatible avec le biofioul et répondre aux nouvelles exigences de seuil d’émission de CO2. De plus, le coût de cette transformation est bien moins élevé que le prix d’une chaudière biofioul neuve. A noter cependant que cette opération n’est pas possible sur des chaudières fioul trop anciennes. D’autre part, la réglementation impose, sous la marque « Biofioul ready », que toute installation d’une chaudière neuve soit biocompatible avec le F30. C’est pourquoi de nombreux constructeurs proposent aujourd’hui des modèles de chaudières, de bruleurs et même de PAC hybrides fonctionnant au F30. Cette implication de la part des constructeurs montre également que la filière chauffage fioul se mobilise autour de cette nouvelle énergie.
En fait, deux questions se posent :
L’une est d’ailleurs émise par de nombreux responsables de la filière Génie Climatique et des directions des OFA : doivent-ils encore investir dans des systèmes fioul classiques et y former les apprenants ? Que ce soit dans les référentiels CAP Monteur en Installation Thermique, BP Monteur en Installation de Génie Climatique et Sanitaire, Bac Pro Installateur en Chauffage Climatisation et Energies Renouvelables ou Titre professionnel Technicien de Maintenance CVC l’étude du système fioul est encore bien présente. Ce qui est justifié puisque le parc de chaudières fioul classique est toujours très important et qu’il faudra encore en assurer la maintenance pendant de nombreuses années. De plus, ces chaudières au fioul classique seront les supports pour former au changement de brûleur par un brûleur compatible avec le biofioul.
Doivent-ils investir dans des systèmes de chauffage au biofioul ? Certainement puisqu’ils sont voués, à terme, à devenir les systèmes de chauffage fioul écoresponsables.
Donc, les OFA doivent anticiper le besoin en formation et former les apprenant à les installer et à en assurer la maintenance.
Les professionnels du chauffage et les fabricants l’ont bien compris : le biocombustible pour les chaudières fioul est une alternative à ne pas rater. Le besoin d’une main-d’œuvre qualifiée, capable de poser et d’entretenir ce type de système de chauffage écoresponsable devrait donc, dans les années à venir, s’accroître fortement.
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Thierry BERNARDIE, Ingénieur formation métiers de l’énergie : thierry.bernardie@ccca-btp.fr