Grand ciel bleu et petite nuit. Plus de 24 heures après avoir franchi la ligne de départ de la transat, l’équipage de Captain Alternance a déjà pris la mesure des exigences du Saint-Laurent. Entre ses courants puissants, son trafic maritime dense et sa météo aléatoire, le fleuve n’a laissé aucun répit aux trois hommes. Après un joli départ dimanche après-midi, l’équipage a dû faire un choix stratégique, qui malheureusement ne s’est pas avéré payant. Lors de son passage au nord de L’Isle-aux-Coudres, le monocoque s’est retrouvé « dans une zone de vent très faible », précise Thomas. Pour reprendre un peu de vitesse, les skippers ont enchaîné les manœuvres. « Changement de voile, empannage, virements, Gennaker1, grand spi », la liste dressée par Keni donne un aperçu de l’intensité des premières heures de course.
Organisée pour la première fois en 1984, la Transat Québec Saint-Malo (TQSM) rend hommage à Jacques Cartier, explorateur malouin à qui le Canada doit son nom. Pour sa dixième édition, la course réunit vingt-quatre Class 40. « Le niveau est particulièrement relevé », souligne Thomas. Après une belle performance sur la Niji 40, entre Belle-Île-en-Mer et Marie-Galante, le jeune skipper ne cache pas ses ambitions : « j’aimerais que l’on soit dans le bon paquet pour être animateurs de la course. On a prouvé de quoi on était capable, maintenant il faut confirmer », insiste-t-il. La Niji 40 constituait pour le duo Keni-Thomas une épreuve test puisqu’il prenait en main le nouveau Class40. La TQSM, course sans escale et en équipage, est l’occasion d’engranger 2 897 miles d’expérience et renforcer les automatismes à bord. Puis viendra le temps en septembre de la CIC Normandy Channel Race, course en double de 1 000 milles en Manche et en Mer Celtique au départ et retour de la Ville de Caen en Normandie.
Pour la Transat Québec Saint-Malo, Keni et Thomas ont fait appel à un skipper aguerri. Benoit Mariette s’est notamment illustré en figurant à plusieurs reprises dans le Top 5 des Solitaires du Figaro. Ingénieur, adepte des océans comme de la montagne, le quarantenaire dispose d’une solide expérience sur les mers. Complémentarité et solidarité seront indispensables pour rejoindre l’estuaire du Saint-Laurent et plonger dans l’Atlantique Nord. Détenteur du record de la TQSM en sept jours 20 heures et 24 minutes, Loïck Peyron évoque « un sprint qui exige endurance et prudence ».
¹Gennaker : voile d’avant intermédiaire
Crédit photo : TQSM2024, Walt