Renforcer la collaboration entre les acteurs de l’accompagnement socio-éducatif (ASE) et lancer une large réflexion pour établir une prospective de ces métiers à l’horizon 2030. Tels étaient les principaux objectifs d’un premier rassemblement national d’une vingtaine d’adjoints socio-éducatifs et responsables éducatifs au CCCA-BTP, mardi 26 juin. « Vos propositions, attentes et besoins vont constituer une feuille de route pour les deux prochaines années », a indiqué Nicolas De Araujo, responsable des projets socio-éducatifs au CCCA-BTP depuis six mois. Son rôle est notamment d’impulser une nouvelle dynamique socio-éducative et professionnelle à l’attention de l’ensemble des centres de formation du BTP. « J’ai effectué un tour de France de trois mois, au cours duquel j’ai visité une dizaine d’organismes de formation. Cela m’a permis de voir leurs différentes réalités et manières de travailler, dans des petites ou grandes structures, mais aussi de détecter des actions inspirantes qui pourraient être dupliquées », explique Nicolas De Araujo.
La mission d’accompagnement éducatif, résolument intégrée dans l’activité des centres de formation du BTP est une démarche préventive, qui porte une attention particulière à un ensemble de problématiques liées aux jeunes. Elle est essentielle à leur construction personnelle et professionnelle, sachant qu’ils viennent de tous les horizons et sont d’âges différents. C’est un travail réalisé en étroite collaboration avec l’équipe pédagogique et les maîtres d’apprentissage, pour mieux comprendre leurs situations et apporter des solutions. Il s’agit ainsi d’exercer une vigilance et de savoir capter les signaux d’alerte pour éviter les ruptures de parcours.
Gwenaëlle Giraudon, chargée de mission projets et partenariat au BTP CFA Auvergne-Rhône-Alpes, coordonne la communauté des adjoints et des animateurs des onze centres de formation du BTP de la région. Elle explique l’évolution de leur fonction : « Nous sommes passés d’une fonction d’animateur à celle d’accompagnateur socio-éducatif et aujourd’hui d’accompagnateur socio-professionnel. Leur rôle s’est renforcé au fur et à mesure que les problématiques et les besoins des apprentis ont été pris en compte. De l’animation, où il s’agissait de proposer des projets vers une ouverture culturelle et sportive, notre action a progressivement évolué autour des questions du bien-être et de la santé mentale du jeune. Cela a changé la proposition de nos activités et de nos projets. »
Plusieurs ateliers étaient proposés au cours de la journée : « Comment animer et faire vivre une communauté nationale ASE ? » ; « Attentes et besoins autour du futur dispositif de montée en compétences des responsables de service ASE » ; « L’avenir des services socio-éducatifs dans les organismes de formation par apprentissage du BTP à l’horizon 2030 ». « Généralement, dans ce genre d’ateliers, les personnes font part de leurs difficultés et se plaignent, alors que là, les participants étaient tous dans une dynamique d’amélioration partageant des idées pour évoluer, souligne Yannis Vermeulen, adjoint de direction en charge du suivi socio-éducatif au BTP CFA Nangis (77). J’ai constaté avec beaucoup de satisfaction lors de cette journée une vraie intelligence collective dans les discussions. ». « De mon côté, j’ai besoin d’échanger sur mes pratiques, de me remettre en question continuellement. Ça va nous permettre de nous plonger dans une autre dynamique, pour chercher des bonnes pratiques, voir ce qui se fait dans d’autres régions. Il est nécessaire de prendre de la hauteur par rapport à nos pratiques, pour nous améliorer constamment dans un environnement qui évolue sans cesse. »
L’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF) est à la tête de 60 maisons de Compagnons, gérées par un maître ou une maîtresse de maison, qui est le/la responsable socio-éducatif sur le site. Ces maisons sont réparties dans cinq régions, chacune autonome dans son fonctionnement. « Notre difficulté est de fédérer ces régions et d’harmoniser les pratiques, explique Zoé Porté, responsable du pôle santé, sécurité, ergonomie chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France. Je suis venue au CCCA-BTP pour être informée sur ce qui se fait, avoir de nouveaux outils pour fédérer nos équipes et échanger avec d’autres organismes de formation. Notre priorité est de faire en sorte que le travailleur social soit à l’aise dans sa mission et qu’il ait toutes les compétences à sa disposition pour répondre au besoin de l’apprenant. Il y a des travailleurs sociaux qui sont parfois isolés face à des problématiques de harcèlement, de montée de la violence, de changement de genre ou encore de cette revendication d’individualité. Ils n’ont pas forcément les outils en interne ou les relais externes. »
Après des échanges nourris lors des ateliers, la 3C.Académie, plateforme de montée en compétences créée par le CCCA-BTP à l’attention des organismes de formation aux métiers du BTP a été présentée. Celle-ci évolue en proposant un nouveau service, avec la création de communautés thématiques. « La communauté nationale des acteurs de l’ASE est la première que nous proposons. Elle s’adresse à tous les professionnels engagés dans l’accompagnement socio-éducatif des apprentis, offrant un espace dédié au partage de bonnes pratiques, à la formation et à la collaboration, mais aussi pour y disposer de ressources et d’une veille, explique Emmanuelle Rohou, responsable du pôle Développement des compétences des organismes de formation au CCCA-BTP, en charge de de la 3C.Académie. Nous veillerons à ce que cette communauté soit active et animée régulièrement, en étant constamment alimentée. Chaque membre pourra y participer en apportant un lien, sa propre expérience au sujet d’un projet réalisé, une veille… D’autres communautés sont prévues en 2025 (mobilité internationale…). »
Un dispositif de montée en compétences des animateurs et accompagnateurs socio-éducatifs recrutés depuis 2022 sera prochainement proposé sur la 3C.Académie, de septembre 2024 à juin 2025, avec une alternance entre la pratique professionnelle en CFA, deux regroupements nationaux, trois modules à distance et la mise en œuvre d’une action socio-éducative. « Cette communauté est la bienvenue. Elle va permettre de répondre à tous nos besoins, mutualiser des actions, bénéficier d’une veille sur l’ASE, explique Florent Maillet, directeur de la MFR de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Ce dispositif de montée en compétences spécifique pour les centres de formation était attendu. Il pourrait aussi y avoir des modules plus courts, répondant à des problématiques précises. L’intérêt est d’avoir une meilleure visibilité et que nos acteurs de terrain s’emparent des services proposés, cela nous aidera à mieux structurer notre démarche. »