#9 En direct de la WorldSkills Competition 2017 : les dernières minutes des épreuves sur le pôle BTP

Mercredi 18 octobre, dernier jour de la compétition internationale. Le rythme d’un coup s’est intensifié. Le temps semble même s’être accéléré. Toutes les minutes ont compté, toutes. Parmi les 38 membres de l’Équipe de France des Métiers en compétition, les trois jeunes issus du réseau de l’apprentissage BTP ont tout donné dans la dernière ligne droite du dernier jour pour arriver au bout de leurs épreuves, achever leur ouvrage et faire la différence.

Retour sur cette dernière journée de compétition avec Anthony Chatelain (menuiserie), Florian Servant (carrelage) et Alexis Guimont (plâtrerie et construction sèche). Comme tous les autres compétiteurs en lice, tous les trois ont livré leurs dernières forces dans les épreuves du jour et défendu avec une détermination qui n’a jamais failli les couleurs de leur métier et de la France.

https://youtu.be/lfz0RoNH2MQ

Sur le stand menuiserie

Il est 12 heures sur le stand menuiserie. Au mur, un compte à rebours indique le temps restant avant le son de la cloche qui signifiera que le temps des épreuves est révolu et la compétition terminée.

La poignée de minutes qui sépare Anthony Chatelain du son final de la cloche, ne trahit pas la tension qui l’agite avec l’énergie de la détermination d’en découdre pour achever son ouvrage. Dans l’allée, les supporters forment une masse compacte et silencieuse, jusqu’à la dernière minute, quand le chef expert lance « One minute ! ». Les supporters donnent alors de la voix et crient « Vas-y Anthony, aller ! ». L’œil d’Anthony se fait laser pour scruter son ouvrage, vérifier ses finitions et y mettre un dernier coup de main. La précision du geste est presque chirurgicale, au millimètre.

Puis le décompte s’amorce à voix haute pour les dix dernières secondes. Des enceintes disposées aux quatre coins du stand, la voix du chef expert porte avec l’écho des supporters qui comptent aussi. Quand la cloche retentit, Anthony s’agenouille. L’émotion est forte. La pression s’échappe. Le regard humide empli d’émotion, Anthony affiche la satisfaction de l’ouvrage accompli dans les temps impartis.

12 h 30
Fin de compétition en menuiserie…
Les cinq dernières minutes avec Anthony CHATELAIN

 

Sur le stand carrelage…

Si les dés de la compétition sont jetés, les jeux ne sont pas encore faits. Car rien n’est jamais joué tant que les épreuves ne sont pas terminées. Tout peut encore changer dans les dernières heures de la compétition. Les compétiteurs le savent bien et donnent tout.

Sur le stand carrelage, Florian Servant s’active aux finitions de la dernière épreuve, avec la réalisation du sol. Sans précipitation et avec concentration, ses gestes sont rapides et précis. Florian sait ce qu’il fait et ce qu’il lui reste à faire avant le coup de cloche final. Le calme qu’il dégage impressionne les nombreux supporters qui font bloc dans l’allée. Au premier rang, les parents de Florian ont le regard comme hypnotisé par la performance et le talent de leur fils.

Le chef expert énonce le chronomètre des dix dernières secondes. Les supporters encouragent Florian pour le sprint final : « Allez Florian ! ». Quand la cloche retentit, la pression enfin s’échappe de part et d’autre du stand. Les larmes coulent sur le visage de Florian, libéré et heureux. Dans l’allée, les applaudissements des supporters résonnent et couvrent le brouhaha du hall.

15 h 30
Fin de compétition en carrelage…
Les cinq dernières minutes avec Florian SERVANT

 

 

Sur le stand plâtrerie et construction sèche

Le coup de sifflet final de la compétition en plâtrerie et construction sèche a été donné à 15 heures 30. À l’image des autres compétiteurs, Alexis Guimont porte en lui les espoirs de médaille dans son métier.

La détermination d’Alexis de faire valoir et faire savoir l’excellence de son métier et d’exprimer toutes ses compétences professionnelles ne s’est pas démentie tout au long de la dernière journée d’épreuves. Il sait l’aventure des Olympiades des Métiers exceptionnelle et inédite, « l’aventure d’une vie » comme Alexis aime à le dire.

Alexis a parfaitement respecté son programme de travail et à quinze minutes du coup de cloche final, il semble presque en avance en nettoyant son poste de travail avec minutie. Dans l’allée, les supporters français se sont massés, dont la délégation de la région Centre-Val de Loire. Ils l’encouragent en lançant en chœur « Alexis, Alexis ! ». Sur le stand, on perçoit l’agitation de la dernière ligne droite qui habite Alexis. À l’arrière de la maquette, l’expert métier français Julien Renard observe, le regard lumineux de satisfaction à la vue du parfait ouvrage réalisé.

15 h 30
Fin de compétition en plâtrerie et construction sèche…
Les cinq dernières minutes avec Alexis GUIMONT

La construction, c’est béton

Parmi les 51 métiers en compétition aux finales internationales d’Abu Dhabi, la France est représentée dans 34 métiers. Pour la première fois, l’Équipe de France fait valoir son expertise dans deux nouveaux métiers, avec la boulangerie et la construction en béton armé.

Pour la construction béton armé, la compétition se fait en binôme. Joris Sampayo et Kevin Devos, les deux médaillés d’or nationaux, représentent pour la toute première fois les couleurs du métier et de la France à la WorldSkills Competition 2017. Reportage au dernier jour des épreuves…

C’est en 2015 que tout a commencé pour la compétition construction béton armé, lors de la précédente WorldSkills Competition organisée à São Paulo. Le métier fait son entrée à l’international. Alors que la filière représente à elle seule un tiers de l’activité du BTP, les professionnels du secteur venus soutenir les compétiteurs français constatent que la France ne promeut pas son savoir-faire dans ce métier.

WorldSkills France prend alors la décision d’intégrer le pôle construction en béton armé en 2017 à Abu Dhabi. Frédéric Miquet, l’expert métier désigné, s’entoure d’une équipe de professionnels pour concevoir l’épreuve conforme aux exigences de WorldSkills International à l’occasion des finales nationales des 44es Olympiades des Métiers à Bordeaux.

L’entrée en compétition de la construction béton armé

Les épreuves de la compétition en construction béton armé se déroulent sur une durée de 22 heures, avec de multiples difficultés à prendre en compte pour satisfaire à la qualité de l’ouvrage à réaliser.

« Le travail se fait au millimètre, tout comme les barèmes de notation des épreuves, avec la hauteur, la largeur, l’épaisseur des murs, l’aspect du béton ou encore la netteté, explique Frédéric Miquet. Avec la taille de l’ouvrage, c’est très compliqué. »

L’organisation et le volume de l’ouvrage à faire dans le temps imparti impose une grande organisation du travail et une parfaite entente entre Joris et Kevin, qui composent le binôme de compétiteurs :

« Il faut de la complémentarité et une très grade entente, précise Frédéric Miquet. Chacun sait ce qu’il a à faire. En préparation, nous avons évalué les qualités de chacun, afin que nous puissions attribuer de façon complémentaire à Joris et à Kevin les missions nécessaires à la réalisation de l’ouvrage.»

À une heure de la fin de la compétition, cette complémentarité joue à plein. Joris Sampayo et Kevin Devos n’ont qu’un objectif en tête : remporter une médaille. « Ils se donnent à fond, poursuit Frédéric Miquet, pour ne rien regretter et prendre du plaisir. »