WorldSkills 2022 : gros plan sur les épreuves de métallerie

WorldSkills 2022 : gros plan sur les épreuves de métallerie

Métallerie, neuf candidats très soudés !

Tout se joue en une journée de neuf heures. Les neuf candidats en métallerie n’ont pas droit à l’erreur pour cette phase 2 des finales nationales. Ils doivent réaliser une maquette de la passerelle Paul-Couturier franchissant la Saône à Lyon.
 
Après 30 minutes d’étude de sujet, les candidats s’attellent aux principales tâches du métallier : cisaillage, découpe, perçage, formage, pliage… Ils doivent ensuite assembler les éléments de la maquette aux dimensions demandées. Pour cette pièce toute en finesse, l’aspect final sera déterminant avec beaucoup de soin à apporter et donc de points à prendre ! Les coups de marteau, de meuleuse, ou de burin sont à proscrire.

Une des principales difficultés de l’épreuve est le temps imparti, les compétiteurs n’ont pas une minute à perdre : ils doivent êtres très organisés, ne pas se tromper ; en cas d’erreur, ils doivent redemander de la matière, occasionnant une perte de points.

La particularité de cette pièce réside dans les nombreuses soudures. Les compétiteurs seront jugés en particulier sur la qualité de la soudure acier et inox : le poste à souder nécessite d’être bien réglé et la soudure doit avoir une apparence régulière, identique à ce qui inscrit sur le plan.

« C’est une volonté de l’équipe métier d’avoir un grand nombre de soudures à réaliser lors de cette épreuve. La gestion de la soudure et de la déformation est un savoir-faire difficile à maîtriser et appelle des compétences… L’acte de souder le métal et le chauffer génère des contraintes. Il faut ainsi gérer ces déformations en amont de la soudure. Ce travail nécessite de comprendre comment travailler l’acier soumis à la chaleur. Quand celui-ci refroidit, il rétrécit davantage au-delà de l’état initial. Du coup, quand on corrige des pièces au centième de millimètre, la taille de la soudure dépasse la tolérance accordée. Ce travail requiert une grande compétence. Le candidat qui la maîtrise dispose d’un avantage compétitif pour aborder efficacement la compétition internationale », explique Francis Perrot-Minnot, expert métier métallerie.

William Lassalzède, métallerie, région PACA :

 « Nous avons reçu une vue esthétique du sujet le 4 janvier. Cela m’a permis de voir les différents assemblages et de me projeter dans le montage et la fabrication de la pièce. J’aborde cette phase 2 des finales en étant plus serein et mieux préparé. J’apprécie beaucoup l’état d’esprit qui règne au sein de l’équipe régionale PACA, on se serre les coudes. Cela me fait de bien ! Je suis venu pour performer. En me retrouvant sur le site de l’épreuve, j’ai l’impression d’être dans une arène, prêt à en découdre ! J’ai toujours eu cet esprit de compétition, mais il s’est aiguisé au fur et à mesure de mes trois participations à la Compétition WorldSkills. Il y a un barème de notation très précis à respecter, la pièce à réaliser doit être parfaite. Le travail de débit et de préparation est important. Cette étape est cruciale pour la précision de la pièce. Sur une seule journée de compétition, la moindre erreur est fatale ! Je me fixe l’objectif « zéro défaut ». J’aime mon métier et quel que soit la difficulté de l’épreuve, j’éprouve toujours du plaisir. »

Construction digitale, une première participation à la Compétition WorldSkills

Le grand boom du BIM ! la construction digitale fait son apparition dans la compétition à l’occasion de ces finales nationales de la Compétition WorldSkills à Lyon. Le sujet des épreuves s’est inspiré d’un projet en cours de construction, celui du pôle service bâtiment de la FRB Auvergne-Rhône-Alpes.

« Nous souhaitions montrer la dimension concrète du BIM, avec un projet à taille humaine, en expliquant que le BIM n’est pas réservé aux gros bâtiments et qu’il n’est pas réservé aux « geeks ». Notre métier est de construire des bâtiments. Le BIM est un moyen d’y parvenir, ce n’est pas un nouveau métier », explique Jonathan Pires expert métier construction digitale, ingénieur BIM et transformation numérique à la FFB.

Durant cette épreuve de 17 heures 30, répartie sur deux jours et demi, les cinq candidats doivent faire appel à toutes les compétences nécessaires pour mener un projet BIM : modélisation et création des maquettes numériques de la structure gros œuvre et des aménagements intérieurs (plafonds, cloisons, portes, sol). Les candidats doivent savoir coordonner les maquettes, pour identifier les « conflits » entre elles, comme un tuyau qui traverse une poutre. Ils seront également amenés à réaliser une vidéo 4D permettant de visualiser la construction gros œuvre du bâtiment selon le planning défini, des fondations à la toiture terrasse. « Nous serons intransigeants sur la qualité des maquettes numériques produites et sur l’analyse qui en est faite. Il faut être rapide et précis. Sur les cinq candidats, trois ont été formés en alternance. Ils ont une expérience des chantiers et des travaux qui leur sert beaucoup pendant l’épreuve ».

La construction digitale sera également en compétition pour la 1ère fois à Shangaï, en octobre 2022, lors de la finale internationale avec une vingtaine de pays participants, dont la Chine et la Russie, perçus comme les principaux concurrents.

 

Sofiane Ikram, 24 ans, candidat Ile-de-France :

« C’est la première fois que ce métier est en compétition. L’épreuve est intéressante, bien construite, il y a beaucoup de données à gérer, une grande concentration est nécessaire. J’espère aller à Shangaï pour honorer la France et ce métier. Beaucoup prétendent à tort, que la France a un retard dans le BIM. Alors qu’il y a des normes et des lois, qui permettent d’avancer dans le bon sens, contrairement à d’autres pays. Je suis actuellement en master, spécialisé BIM, par alternance, co-créé par l’ESTP et l’Ecole des Ponts. Le BIM permet d’allier le numérique et l’ingénierie du bâtiment. Cette combinaison apporte une plus-value pour le secteur du bâtiment. Les maquettes permettent d’initier des analyses de structure, énergétiques, et autres. Nous pouvons dire au client, par exemple, quelle sera sa consommation électrique alors que sa maison n’est pas encore construite. J’ai toujours eu un intérêt pour les arts graphiques, j’avais aussi cette envie de vouloir travailler dans un métier lié à l’ingénierie. Après mon master, j’espère devenir BIM manager, j’ai réellement envie d’innover. Il y a beaucoup de choses dans ce domaine, je suis convaincu que le BIM a un grand rôle à jouer dans la réduction de la consommation énergétique des bâtiments, et la diminution de l’empreinte carbone dans l’acte de construire. »

Benoit Senior, juré pour la délégation Ile-de-France et secrétaire général d’ADN Construction, association qui regroupe les organisations professionnelles pour le développement numérique dans la construction. 

« Ce métier, inscrit pour la première fois dans la Compétition WolrdSkills, témoigne, non seulement de la transformation numérique des métiers, mais aussi de l’enjeu des jeunes et de la formation pour promouvoir le BIM au sein de la filière BTP. La formation initiale a un impact moteur dans le développement de la transition numérique et sa diffusion auprès des artisans et des professionnels du bâtiment. Aujourd’hui, il y a une forte demande de la maquette numérique côté maîtrise d’œuvre, demain, ça sera autour de l’entreprise : un jeune sera amené à travailler, aussi bien, dans un bureau d’étude structure, qu’un bureau d’étude d’une entreprise de maçonnerie ou d’électricité. Ces jeunes ont un devoir diffusion, en apportant leur savoir-faire au sein de l’entreprise qui les recrute. »

Julien Eymery, formateur au CFA de la Fédération Compagnonnique à Échirolles et juré WorldSkills France en menuiserie. Il explique le travail de l’épure, une étape déterminante que les compétiteurs menuisiers ne doivent pas rater.