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La diagonale des fous par Jonathann Mayette :
« Une course de dingues ! »

Imaginez plus de 2 000 coureurs qui s’élancent depuis le front de mer de Saint-Pierre (La Réunion), s’échappant d’une foule telle une nuée compacte vers les premiers champs de cannes à sucre en direction du volcan. Chacun tentant de se frayer un passage pour sortir de cette marée humaine où se mêlent pendant les cinq premiers kilomètres une foule compacte encourageant les compétiteurs qui se lancent dans cette course exceptionnelle. Parmi eux, Jonathann Mayette, chargé de mission au sein de la DPFIP. Récit d’aventures…

Baptisée la Diagonale des fous, l’ultra-trail organisé chaque année en octobre sur l’île de la Réunion depuis 1989, est un événement local majeur regroupant les meilleurs athlètes mondiaux de la discipline. C’est probablement l’une des courses les plus difficiles du monde, qui consiste en la traversée complète de l’île, du sud au nord, en passant par les trois cirques, dont le célèbre cirque de Mafate, patrimoine mondial de l’UNESCO. Malgré la dizaine de points de ravitaillement balisés, cette aventure demeure éprouvante.

C’est dans cette course folle de 160 kilomètres et 9 400 mètres de dénivelé que Jonathann Mayette, chargé de missions EPS, PSE et S&ST pour le CCCA-BTP, a décidé de se mesurer. Une véritable aventure, un combat avec soi-même et partagé, non pas avec 2 000 concurrents, mais plutôt 2 000 fous partageant la même passion.

 

« Adepte de la pratique de l’ultra-trail depuis sept ans, j’avais déjà participé à deux éditions antérieures de la diagonale des fous, 2018 et 2019. Cadeau pour mes 40 ans, mon premier ultra-trail ne pouvait être que la diagonale. Porté par ma famille, cette première édition n’a pas été sans péripéties et expériences étrange, comme ces hallucinations où dans la nuit noire, éclairée par ma seule lumière frontale, je me retrouvais attaqué par des chauves-souris qui n’étaient en fait que l’ombre de mes battements de bras sensés les faire fuir ! Pétri de fatigue, c’est par le support de mes proches, présent pour l’événement que je passais la ligne en un peu moins de 39 heure.

L’édition suivante fut facilitée par des performances qui me plaçaient dans le carré très prisé des 100 coureurs du « SAS ELITE ». Cependant, un départ rapide et mouvementé entraîna une chute collective après avoir parcouru seulement 165 mètres ! Abîmé mais remis sur pied, je disposais malgré tout de suffisamment d’avance sur le flot de participants pour continuer ma course. Malheureusement, après 28 heures de bagarre, c’est avec regret que je dû me résigner à abandonner au 130e kilomètre. Touché, frustré, je ne voulais pas en rester là ! Pour cette édition 2021, ma préparation habituelle, qui s’organise à raison de 20 à 25 heures hebdomadaires, pour 140 et 160 kilomètres par semaine, a été perturbée par la Covid et par mon poste de chargé de mission pour le CCCA-BTP, qui nécessite un investissement important et de nombreux déplacements. J’ai donc dû repenser ma façon de m’entraîner pour venir à bout de ces 160 kilomètres. Cette distance reine fait de la Diagonale des fous une course particulièrement éprouvante, où chacun court la plupart du temps seul, au cœur de la nature, dans des conditions extrêmes et qui cause en moyenne entre 800 et 900 abandons. Ce défi, je me devais de le relever pour ne pas rester sur un échec mais aussi et surtout pour terminer ce qui avait été entrepris deux ans plus tôt.

Cette année, malgré un volume d’entraînement bien inférieur, c’est déterminé que je me suis présenté sur la ligne. Après un départ prudent, une première nuit très bien négociée, le tour de Mafate nous a réservés un magnifique ciel bleu, rimant avec des températures avoisinant les 30° C. À l’approche de la seconde nuit, au moment où la course commence à devenir réellement difficile, le précieux soutien de ma famille et de mes camarades de la DPFIP m’a permis de me projeter vers le fameux stade de la « redoute », lieu convoité de tous les coureurs prenant le départ. Il est certain que leurs encouragements ont contribué à l’aboutissement de ma quête. La gestion de course prudente, ma préparation et les pensées des amis en métropole m’ont permis de franchir la ligne d’arrivée en bonne condition physique et surtout en améliorant mon temps de deux heures quarante, me classant ainsi dans les 150 premiers de cette édition de la Diagonale des fous 2021.

Le retour « sur terre » est toujours compliqué après un Ultra, pourquoi poursuivre lorsque les objectifs sont atteints ? Deux semaines de récupération et de réflexion ont suffi pour me trouver un nouvel objectif. Toujours dans le dépassement et la performance, j’envisage de m’attaquer à l’ultra-trail du Mont-Blanc, qui a lieu fin août 2022.

Cet ultra-trail représente le Graal pour les spécialistes de cette discipline. Il est composé de sept trails, dont quatre en ultra endurance en pleine nature. Il traverse trois pays et dix-huit communes françaises, italiennes et suisses du pays du Mont-Blanc. C’est sur l’épreuve reine, composée de 170 kilomètres pour 10 000 mètres de dénivelé, que je compte en découdre. Le compte à rebours est lancé et c’est sans nul doute que j’aurai besoin de tous vos soutiens ! »