Enjeux et prospectives : La robotisation au service du BTP

Un robot qui inspecte les bâtiments en zones difficiles d’accès

HIIRO, robot d’inspection conçu pour les environnements contraints, illustre l’évolution des outils dédiés au diagnostic et à la maintenance. Téléopéré, compact et équipé de caméras haute définition associées à une cartographie 3D en temps réel, il circule dans les vides sanitaires, galeries techniques, réseaux et sous-sols afin de détecter ou documenter d’éventuels désordres.

Grâce à ses images 4K et à la génération de nuages de points, HIIRO permet d’obtenir un état précis des ouvrages et d’assurer une traçabilité visuelle dans le temps : fissures, infiltrations, corrosion ou dégradations localisées peuvent être suivies avec davantage de continuité. Ces relevés sont exploitables dans des outils numériques désormais bien installés dans la filière, tels que les plateformes de GED technique ou BIM.

L’usage de ce type d’équipement contribue également à limiter l’exposition humaine aux zones à risques, tout en facilitant des inspections plus régulières, sans interruption d’exploitation. En combinant captation visuelle, données techniques et modélisation, la robotique d’inspection renforce ainsi la place du diagnostic assisté par l’image dans la gestion des ouvrages.

Côté marché, les robots d’inspection haut de gamme de la même catégorie se situent aujourd’hui dans une fourchette indicative entre 30 000 € et 60 000 € HT, selon les capteurs embarqués, les logiciels associés et les prestations de maintenance. Ce positionnement place HIIRO parmi les outils utilisés prioritairement par les gestionnaires d’infrastructures, bailleurs sociaux, collectivités ou exploitants techniques.

Encore émergente, cette technologie suggère, à moyen terme, de nouveaux usages dans la lecture des ouvrages : une observation plus visuelle, plus comparative et plus continue, en complément des approches traditionnelles du diagnostic bâtiment.

La robotique au service des réseaux d’eau et de la formation technique

Présenté à Pollutec, Tubocontact SD marque une avancée majeure dans la rénovation des réseaux d’eau potable. Développé par Sade (groupe NGE) et le CEA-List, ce robot autonome réhabilite les conduites de 100 à 150 mm sans ouverture de tranchée. Une première mondiale qui combine inspection, perçage, tubage en polyéthylène et reprise des branchements depuis l’intérieur du réseau.

Cette innovation réduit fortement l’emprise et la durée des chantiers, tout en limitant les nuisances pour les riverains. Elle illustre la mutation progressive des métiers de l’eau : les interventions se digitalisent, s’automatisent et s’appuient de plus en plus sur la robotique embarquée.

Pour les organismes de formation et les centres techniques, cette évolution traduit l’émergence de nouvelles compétences autour de la maintenance robotisée, du pilotage d’équipements autonomes et du contrôle à distance. Ces thématiques commencent à être intégrées aux plateformes pédagogiques spécialisées dans les travaux publics et les réseaux humides.

En parallèle, d’autres approches existent déjà à l’international : Primus Line® (tubage flexible sous pression), Aqua-Pipe® (chemisage polymère pour l’eau potable) ou Aqualiner (liner thermoplastique renforcé). Tubocontact SD se distingue par sa capacité à intervenir depuis l’intérieur des petits diamètres, domaine jusqu’ici peu accessible aux technologies sans tranchée. 

Un robot qui imprime de la terre crue : imprimer la terre pour bâtir demain 

Présenté au salon ARTIBAT 2025 par Nantes Université, le robot qui imprime de la terre crue illustre la rencontre entre technologies avancées et matériaux traditionnels. Développé en partie à la Halle 6 Ouest avec les laboratoires LS2N et IRDL, dans le cadre du projet ITA (Inclusivité en Terre Additive) en partenariat avec la société SAPRENA, ce démonstrateur met en lumière la capacité de la robotique à manipuler un matériau local et durable : la terre crue. Cette dernière, reconnue pour son faible impact énergétique et ses qualités environnementales, est remise au cœur des pratiques grâce à l’impression 3D et à l’assistance robotique.

Pour les organismes de formation pour apprentis (OFA), cette innovation représente une opportunité pédagogique forte. La robotisation et l’impression additive en terre permettent d'introduire les élèves aux technologies émergentes du secteur du bâtiment, identifiées comme stratégiques pour répondre aux besoins de décarbonation et aux enjeux de main-d’œuvre dans le BTP. Le robot est capable d’imprimer des cordons de terre crue adaptés à la construction, et s'inscrit dans des approches combinant l'impression additive et la manipulation de briques en terre. Cette démarche offre un terrain d’apprentissage complet autour de la chaîne de valeur : étude du matériau, préparation des mélanges, réglages robotisés et contrôle de la qualité du rendu.

L’utilisation de la terre crue présente également un intérêt pédagogique : il s’agit d’un matériau tangible, local et accessible, permettant d'apprendre de manière concrète les enjeux liés à l’innovation durable. Les qualités thermiques et hygrométriques de la terre crue ainsi que son très faible niveau d'énergie grise favorisent une approche pédagogique centrée sur l'éco-construction et les solutions bas-carbone. 

Ainsi, pour les OFA, intégrer ce type d’innovation dans leurs pratiques pédagogiques permet d’initier les apprentis aux évolutions technologiques et environnementales du secteur, tout en renforçant l’attractivité des formations et en préparant les jeunes aux compétences de demain.

Pour plus d'information:

Philippe Moreau, Responsable évolution des espaces pédagogiques, Courriel

Yohann Massedre, ingénieur formation filière gros œuvre, Courriel

Frédéric Buttet, chargé de mission travaux public, Courriel