Enjeux et prospectives : Crise sur le marché des pompes à chaleur : ventes divisées par deux et inquiétude face à la suspension de MaPrimeRénov’

Le marché des pompes à chaleur, fleuron de la transition énergétique dans le bâtiment, traverse une période de turbulences. Selon les dernières données du secteur, les ventes ont été divisées par deux depuis le pic historique atteint en 2022. Ce retournement brutal inquiète les professionnels.

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Un recul brutal des ventes 

L’année 2022 avait été exceptionnelle, portée par la hausse des prix de l’énergie, les incitations publiques et l’engouement pour des solutions décarbonées. En 2023 puis 2024, les ventes ont chuté de manière significative, affectées par plusieurs facteurs : 
  • Durcissement des critères d’éligibilité à MaPrimeRénov’, 
  • Allongement des délais de traitement des dossiers, 
  • Inflation affectant le pouvoir d’achat des ménages, 
  • Incertitudes réglementaires autour des aides et du calendrier de rénovation énergétique. 

Les industriels tirent la sonnette d’alarme 

Face à l’effondrement de la demande, les industriels commencent à réduire la voilure. C’est notamment le cas du groupe BDR Thermea, fabricant de marques comme De Dietrich ou Chappée, qui a annoncé l’arrêt de sa production de pompes à chaleur sur son site de Mertzwiller, en Alsace, d’ici fin 2025. L’entreprise évoque une « nécessité d’adapter ses capacités industrielles à la réalité du marché ». 
D’autres acteurs du secteur redoutent une vague de suppressions d’emplois dans les mois à venir si la situation ne se stabilise pas. La filière emploie plus de 30 000 personnes en France. 
Les organismes de formation en première ligne 
Face à cette situation, les organismes de formation peuvent jouer un rôle clé pour accompagner la transformation de la filière et amortir le choc social : 
  • Reconversion des installateurs vers d’autres compétences en efficacité énergétique (isolation, ventilation, audit énergétique, etc.). 
  • Formations modulaires courtes pour monter en compétences sur des technologies alternatives ou complémentaires (chaudières hybrides, gestion intelligente de l’énergie). 
  • Accompagnement à la création d’entreprise pour les artisans impactés par la baisse de la demande. 
  • Sensibilisation renforcée du grand public et des prescripteurs (architectes, syndics, collectivités) pour maintenir l’intérêt autour des solutions bas carbone. 

Les innovations pédagogiques à suivre 

Le secteur de la formation professionnelle évolue pour s’adapter à ces enjeux. Grâce à des initiatives comme : 
  • Le développement de simulateurs virtuels pour l’installation et le diagnostic de PAC ou de systèmes énergétiques hybrides, 
  • L’intégration de la réalité augmentée dans les parcours techniques, 
  • L’utilisation de plateformes e-learning avec modules à la carte et certifications ciblées, 
  • Des dispositifs de formation financés dans le cadre de Transitions Collectives ou du Fonds d’investissement dans les compétences (FIC). 
Le marché des pompes à chaleur, longtemps perçu comme un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone, est aujourd’hui en danger. Mais la crise peut aussi être une opportunité de transformation, si les acteurs – industriels, pouvoirs publics, organismes de formation – s’unissent pour accompagner la filière dans son évolution. Former, reconvertir, innover dans les compétences : telles sont les clés pour rebondir. 

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Gisèle ROUSSEAU, Chargée des demandes d’équipements pédagogiques : 

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