Projets européens : À Nantes, le CCCA-BTP promeut une Europe des apprentis

Le 18 octobre 2025, lors du 69e congrès franco-allemand organisé par la Fédération des acteurs franco-allemands pour l’Europe (FAFA) à Nantes, le CCCA-BTP a réaffirmé son engagement en faveur de la mobilité européenne des jeunes en formation. L’occasion d’interroger Pierre Touillon, responsable du pôle Internationalisation des compétences au CCCA-BTP, qui animait une conférence sur les parcours de formation avec mobilité européenne, du CAP au Master.

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Pourquoi ce partenariat entre le CCCA-BTP et la Fédération franco-allemande pour l’Europe ?

Nous avons un intérêt commun : favoriser des coopérations entre acteurs français et allemands sur la formation professionnelle et la mobilité internationale, qu’il s’agisse de projets de formation, de mobilité ou d’échanges professionnels. Je viens ici avec une double casquette : en tant que représentant du CCCA-BTP et comme membre de l’équipe d’experts « Enseignement et formation professionnelle » de l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation. Mon intervention présente d’abord la mobilité européenne dans son ensemble, avant de présenter les actions du CCCA-BTP sur le champ de la mobilité internationale. Les dispositifs que nous mettons en place dans le BTP peuvent inspirer d’autres secteurs de la formation professionnelle.

Qu’apporte concrètement la mobilité internationale aux apprentis du BTP ?

Le premier déclic est la prise de conscience que « c’est possible ». Pour beaucoup d’apprentis, l’idée de partir à l’étranger ne fait pas spontanément partie de leur projet. Une fois l’expérience vécue, le retour est très positif : 99 % des jeunes sont satisfaits de leur expérience. C’est une vraie fierté pour eux et cela contribue à élargir la vision et la pratique de leur métier. Ils découvrent d’autres façons de travailler, d’autres outils, d’autres méthodes, ce qui les pousse à s’interroger sur leurs propres pratiques. C’est aussi bénéfique pour les entreprises qui les forment. Quand un apprenti revient avec de nouvelles idées ou compétences, cela valorise l’entreprise.

Je pense par exemple à Amaury, parti plusieurs fois en mobilité. Son entreprise, séduite par les techniques découvertes sur place, a investi dans un nouvel équipement. Résultat : il a apporté une vraie valeur ajoutée à sa boîte. Je pense aussi à une apprentie revenue ravie de deux semaines en mobilité et qui est repartie six mois à l’étranger après son diplôme. Elle travaille aujourd’hui entre la France et l’étranger avec sa propre entreprise de rénovation patrimoniale. Son premier projet de mobilité a littéralement transformé sa trajectoire de vie.

Au-delà des bénéfices individuels, quels sont les enjeux collectifs de la mobilité ?

Le programme Erasmus+ de la Commission européenne comporte aussi une dimension politique et humaniste de citoyenneté européenne. Je citerai à titre d’exemple un apprenti d’origine polonaise parti en stage en Pologne. Ses formateurs lui ont fait la surprise de le conduire dans le village de ses grands-parents, tout près du lieu où il séjournait. Ce moment a été très émouvant : il s’est senti à la fois connecté à ses racines et pleinement citoyen européen. Ces petites histoires illustrent à quel point la mobilité touche à l’identité, à la confiance, à la construction de soi.

Où en est aujourd’hui la mobilité dans le BTP ?

Après un ralentissement lié à la crise sanitaire de la Covid-19, la dynamique est repartie très fortement : de 600 jeunes en mobilité en 2019, nous sommes passés à 3 000 en 2025. Le CCCA-BTP apporte un soutien financier aux centres de formation qui organise des actions de mobilité, en plus des bourses accordées par l’agence Erasmus+ France. Le CCCA-BTP est aujourd’hui le premier organisme tous secteurs professionnels confondus à mettre en place des actions de mobilité.

Quelles sont les perspectives à moyen terme ?

L’objectif est désormais de généraliser la mobilité dans les parcours de formation. Certains CFA ont déjà intégré deux séjours à l’étranger dans le parcours de formation des apprentis, avec des objectifs pédagogiques précis. L’idée est que cela devienne la norme. Nous avons aussi un objectif défini par le conseil d’administration du CCCA-BTP : atteindre 10 % d’apprentis en mobilité, soit environ 8 000 à 9 000 jeunes par an. C’est ambitieux, mais réalisable, car tous les ingrédients sont là : un cadre financier solide, une structuration opérationnelle efficace du CCCA-BTP et surtout une exigence de qualité pédagogique. La mobilité n’est pas un « voyage » ou une « cerise sur le gâteau », mais un outil de formation à part entière, évalué, reconnu, parfois même certifiant. Dans certaines filières européennes, une partie des épreuves d’examen se déroule à l’étranger. C’est une vraie reconnaissance des compétences acquises et la preuve que la mobilité est devenue un levier central dans la formation aux métiers du BTP.