Enjeux et prospectives : Café Thématique – L’intelligence artificielle dans les emplois du BTP

Premières analyses, premiers constats  

1. Le premier constat concerne la territorialité. Logiquement, les offres incluant des demandes de compétences liées à l’IA ou au numérique sont fortement concentrées dans les hubs technologiques. L’Île-de-France arrive en tête, suivie de la région Auvergne Rhône-Alpes. Cependant, les autres régions montent en puissance sur les besoins en compétence liés à l’IA. 

2. Le deuxième constat concerne les acteurs. Les majors de la construction sont ceux qui proposent le plus d’offres d’emploi en lien avec l’intelligence artificielle. Christophe Tricot fait remarquer que, le plus souvent, ces besoins en compétences numériques sont très liés à des projets de transition écologique. Antoine Boudon précise que les sujets et enjeux de transition écologique sont en général portés par des directions innovations dans ces entreprises ce qui peut expliquer la corrélation entre les deux sujets. 

3. Concernant les usages, l’IA est attendue pour assister plutôt que de substituer. Elle est utilisée pour des sujets liés à l’optimisation des tâches et à la maintenance prédictive. 

4. Les technologies les plus citées sont l’IoT (Internet des objets), le BIM et l’intelligence artificielle. 

5. Enfin, concernant les profils recherchés, les offres d’emploi montrent que les entreprises recherchent principalement des débutants et des personnes de niveau « intermédiaire » dans l’IA et le numérique, c’est-à-dire avec une petite spécialisation, mais sans être expert. 

Ce dernier point montre que pour le moment certains freins subsistent chez les acteurs du BTP. Effectivement, plutôt que « d’investir » dans des profils experts pour développer pleinement des solutions d’IA dans leur structure, les entreprises optent pour des profils plus modestes pour seulement introduire l’intelligence artificielle dans leurs activités.   

Plusieurs hypothèses et freins pour expliquer ce choix sont avancés par les intervenants et participants :

• Les moyens financiers : Face à la conjoncture difficile dans le secteur de la construction, les acteurs n’ont pas le souhait de d’allouer une grosse partie de leur budget dans ces technologies, voire envisagent de réduire les budgets dédiés 

• Le manque de conviction : Les acteurs n’étant peut-être pas pleinement convaincus de l’utilité ou de la valeur ajoutée de ces technologies, ils seraient donc frileux à l’idée de d’y consacrer des budgets et du temps homme

• La peur de l’IA est également évoquée comme un frein, le fait de voir certaines tâches remplacées par de la technologie et de voir leur réalité transformée 

Vision prospectiviste liée aux premiers constats

Antoine Boudon et Christophe Tricot ont tenté de livrer une vision prospectiviste de ce que seront les nouveaux emplois et les nouvelles formations en lien dans les années à venir. 

Ils ont par exemple imaginé des métiers tels que « Chef de projet BIM/IA », « Technicien vision chantier » ou encore « Ingénieur jumeau numérique », qui correspondraient à des compétences complètement nouvelles ou bien à l’ajout de compétences numériques à des métiers actuels. Nous pourrions voir naître des spécifications en lien avec l’IA comme des contrôles électriques assistés par l’IA, des analyses de coffrages à travers des photos, l’inspection de toiture par drone… 

Aussi, de nouvelles formations pourraient émerger notamment dans les formations de niveaux 5, ils ont par exemple imaginé un « BTS IA Planner » ou un « BTS Smart Building & Jumeau numérique ». Pour certaines formations, des modules complémentaires pourraient être intégrés à un socle déjà existant afin que l’ensemble soit en adéquation avec les besoins du marché. 

Ainsi, selon eux, le véritable enjeu sera d’acculturer les équipes de terrain à ces nouveaux usages et nouvelles techniques. D’autant qu’il a été rappelé que 25% des professionnels du BTP estiment avoir une bonne compréhension des technologies (source : graanet), ce qui représente une faible part des professionnels. Les niveaux de maturité entre les professionnels sont hétérogènes, les enjeux de formation sont donc d’autant plus fort. 

La Forge souhaite faire évoluer son baromètre pour continuer d’observer l’implantation de l’IA dans les entreprises du BTP dans le temps et avec analyses plus fines des offres d’emploi. 

Les participants 

Plusieurs participant à ce moment d’échange ont expliqué qu’eux aussi suivent les offres d’emploi du BTP sur différentes sources pour analyser les nouvelles compétences demandées pour différents postes. Certains d’entre eux ont d’ailleurs constaté une vraie montée en puissance de l’IA dans les offres d’emplois. 

Ce moment d’échange a permis à d’autres participants d’avoir des éclairages sur la manière de veiller sur les évolutions dans les métiers du BTP. L’approche par les offres d’emploi leur a permis d’identifier un point d’entrée pour observer les évolutions des besoins en compétences dans ce secteur. Ce fut également l’occasion pour les représentants des organismes de formation présents de partager entre eux leur niveau d’avancement sur le sujet de l’intelligence artificielle dans les métiers du bâtiment et des travaux publics. 

Nous tenons à remercier une nouvelle fois Christophe Tricot et Antoine Boudon pour leur partage d’expérience et d’expertise. 

Sources : https://www.graneet.com/fr/article/ia-btp-2025