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Innovation : Le programme Renoboost du CCCA-BTP présenté en Martinique et en Guadeloupe
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Renoboost est un programme collaboratif des branches du bâtiment et des travaux publics piloté par le CCCA-BTP, qui a pour objectif de répondre aux besoins croissants en emplois et compétences dans le domaine de la rénovation énergétique. Il s’appuie sur trois leviers clés pour fonder son analyse : la démographie, le climat et les caractéristiques du bâti résidentiel et tertiaire. Au sein des deux départements antillais, le constat est globalement le même : la population est en moyenne deux fois plus dense qu’en France hexagonale. Elle est néanmoins vieillissante et en baisse depuis 10 ans (-0,9 % en Martinique et -0,6 % en Guadeloupe).
Ces deux territoires sont également soumis à des contraintes climatiques bien spécifiques, ayant un impact direct sur le secteur du BTP. Comme l’affirme David Ducaud, du cabinet Model RH, et ayant travaillé activement sur le programme Renoboost, « le réchauffement climatique, le recul du trait de côte et le caractère cyclonique ont un impact profond sur le secteur de la rénovation énergétique. Lors de nos travaux, nous avons échangé sur les particularités induites par le climat. Il en ressort notamment des leviers forts, tels que la climatisation, les brasseurs d’air, mais aussi les débords de toits, qui sont déconseillés face à la menace cyclonique. »
Le bâti martiniquais et guadeloupéen offre lui aussi des particularités notables et quasi similaires, bien que l’habitat collectif soit plus développé en Martinique (39 % des logements martiniquais contre 25 % du parc guadeloupéen). Si la plupart des logements a été construite après 1945, on note que le bâti reste fortement créolisé. Un élément primordial, note Sylvie Lechauve, du cabinet Since&Co, ayant collaboré à l’analyse, car « on ne rénove pas une maison en bois créole comme une maison des années 50 en France hexagonale. »
Électricien frigoriste, coordonnateur de travaux, menuisier aluminium-verre : le tiercé gagnant
Face à ces constats, le programme Renoboost propose des pistes d’actions, en identifiant les métiers clés sur lesquels l’accent doit être mis pour répondre aux enjeux martiniquais et guadeloupéens. Trois professions composent le trio de tête. L’électricien frigoriste tout d’abord, dont les recrutements nécessaires sont estimés à 270 sur dix ans en Guadeloupe et 260 en Martinique. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’adapter les formations sur les spécificités de la rénovation énergétique pour les électriciens venus de tous secteurs, mais aussi de développer des modules sur les moyens de chauffage (notamment PAC). Enfin, articuler une GPEC* toutes filières, pour s’assurer de la synchronisation des demandes des grands donneurs d’ordre est également évoqué.
Le métier de coordonnateur de travaux est également relevé comme important en termes de besoin, avec un recrutement estimé à 50 en Guadeloupe et en Martinique. Il s’agira ici d’ouvrir des formations destinées aux chargés d’affaires et dirigeants, axées sur le conseil, le dimensionnement, le chiffrage, l’organisation et le suivi, ainsi que les démarches administratives pour des rénovations énergétiques tous corps d’état. Mais aussi d’identifier et de former des ressources venant d’autres métiers ou d’autres localisations, pour les acculturer aux spécificités et besoins des deux territoires.
Enfin, le recrutement d’une cinquantaine de menuisiers aluminium-verre en Martinique et Guadeloupe ressort également. Pour y parvenir, l’ouverture de formations courtes sur l’installation de menuiseries venues d’autres marchés que la rénovation est une piste sérieuse, tout comme la prise en compte des spécificités des approches du rayonnement solaire et risques cycloniques sur les menuiseries.
Et maintenant, place à l’action
La modélisation et les pistes d’actions proposées par le programme Renoboost ne sont que la première étape de la démarche. Christophe Possémé, président du CCCA-BTP souligne que « les territoires doivent désormais s’emparer de ces données pour passer à la mise en œuvre. Nous avons travaillé sur un programme qui s’adaptera avec le temps, en agrégeant de nouvelles données. Néanmoins, ce sont aux acteurs locaux de prendre le relais et d’imaginer des solutions pertinentes et créatives. » Un message entendu par les martiniquais et guadeloupéens présents. Le CCCA-BTP continue pour sa part à mettre à leur disposition son offre de services et ses ressources, pour accompagner la montée en compétence de ces territoires.
* GPEC : La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) est une méthode pour adapter, à court et moyen termes, les emplois, les effectifs et les compétences aux exigences issues de la stratégie des entreprises et des modifications de leurs environnements économique, technologique, social et juridique.