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Innovation : Numéri’bois 2025 : quand les métiers du bois rencontrent le numérique

Les 4 et 5 juillet 2025, à la Maison des Compagnons du Devoir de Muizon, s’est tenue la première édition de Numéri’bois, un événement inédit consacré à la place du numérique dans les métiers du bois. Soutenu par le CCCA-BTP, aux côtés de nombreux partenaires de la filière, Numéri’bois a rassemblé près de 200 visiteurs autour d’un objectif clair : réconcilier geste traditionnel et technologie moderne.

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Une ambition commune : démystifier le numérique pour les artisans du bois

À l’origine de cet événement, un constat partagé : le numérique reste encore trop souvent perçu comme un monde à part, éloigné des réalités des métiers. Pour Mattéo Stephan, formateur en menuiserie chez les Compagnons du Devoir et co-organisateur de l’événement, l’objectif était simple : « démocratiser un peu le numérique » en créant un cadre concret, accessible, où l’on peut « essayer par soi-même, discuter avec des professionnels, découvrir des machines et des solutions. » Depuis novembre 2024, Mattéo et d’autres acteurs de la filière ont ainsi travaillé à concevoir un événement qui ne soit pas un simple salon technologique, mais un lieu d’échange, de démonstration et surtout de transmission. « On dit toujours qu'il n’y a pas meilleure transmission que par la main, le geste métier… Grâce à cet événement, nous donnons à chacun la possibilité de comprendre comment les technologies peuvent s’intégrer naturellement dans nos pratiques. »

Un fil rouge a traversé les démonstrations, les conférences et les échanges : le numérique n’a pas vocation à remplacer les professionnels, mais à leur offrir de nouveaux moyens d’expression et d’efficacité. Marc Spieser, menuisier et Meilleur Ouvrier de France, l’a d’ailleurs résumé avec justesse lors de sa conférence sur l’interaction entre conception et machine. « La main, c’est le prolongement de la pensée. Et finalement, après avoir essayé de le dompter, le numérique devient aussi le prolongement de la main. »

Rassembler la filière autour d’usages concrets

Jocelyn Gac, directeur du Collège des Métiers chez les Compagnons du Devoir, voit dans Numéri’bois une opportunité rare : « Tout le monde se côtoie : jeunes, formateurs, entreprises, organisations professionnelles, fournisseurs… mais rarement autour de pratiques concrètes. C’est exactement ce que propose cet événement. » Un constat partagé par Raphaël Vergeade, responsable de l’Institut européen de la menuiserie : « L’idée est de pouvoir échanger d’artisan à artisan. Que chacun puisse dire : “Voilà ce que ça m’a coûté, comment j’ai aménagé mon atelier, ce que cela m’a apporté”. » Car au-delà de la technologie, ce sont bien les témoignages, les retours d’expérience et les essais qui construisent la confiance.

Dans les allées de l’événement, plusieurs démonstrations ont d’ailleurs attiré la curiosité des visiteurs, notamment celle de la Shaper Origin, une fraiseuse numérique portative. Pour Rachel Barrette, responsable commerciale, il s’agit avant tout d’un outil pensé pour accompagner les professionnels du bois là où ils travaillent : « On bénéficie de la précision du numérique, mais dans un format électroportatif. On peut l’amener directement sur le chantier. » Une machine qui avait déjà été testée dans le cadre des Journées de l’innovation pédagogique du CCCA-BTP, en 2022. « À l’issue d’un an d’expérimentation, les centres de formation l’ont massivement adoptée. Et beaucoup en ont recommandé d’autres ensuite. » Preuve qu’un bon outil peut, à lui seul, faire tomber les résistances.

Le numérique, un levier pour revisiter le patrimoine et concevoir durable

Si l’événement était résolument tourné vers l’avenir, il a aussi permis de rappeler que le numérique peut être un outil de sauvegarde du passé. Pour Bruno Héraud, chef d’entreprise et co-organisateur, grâce aux nouvelles technologies « on redevient capables de faire ce que l’on pensait perdu. » C’est une nouvelle façon de concevoir le lien entre artisanat, technologie et patrimoine.

Parmi les temps forts de Numéri’bois, la conférence de Vincent Bechtel, de Sinallagma, a également marqué les esprits. Spécialiste des charpentes réciproques, il conçoit des structures bois élégantes et solides, sans clou, ni colle, ni vis, en s’appuyant sur des techniques anciennes… mais repensées avec des outils numériques. Grâce à la modélisation, Sinallagma parvient à optimiser chaque assemblage, à limiter la consommation de matière et à créer des pièces sur mesure, précises et durables. « Le numérique permet une conception plus fine, plus intelligente. On fait mieux avec moins », explique-t-il. Une logique d’écoconception assumée, qui montre que technologie et sobriété peuvent aller de pair.

Former pour évoluer : la clé de l’appropriation

Les tables rondes proposées à l’occasion de Numéri’bois ont quant à elles abordé les difficultés concrètes d’intégration du numérique dans les PME : coûts, formation, peur de la perte de sens. Bruno Héraud a ainsi partagé son parcours : après une première tentative de numérisation ratée faute d’accompagnement, il a revu sa stratégie. « On a formé davantage les équipes, renforcé leur polyvalence. On a alors vu la motivation et les résultats revenir. » Même constat chez Philippe Hamon, de l’Atelier du Tregor, qui a fait le choix de former tous ses employés à la machine numérique : « L’idée n’est pas de perdre le geste, mais de l’enrichir. Le numérique n’efface pas le métier, il le complète. »

Une relève déjà tournée vers l’avenir

La journée s’est conclue avec la remise des médailles des Meilleurs Apprentis de France. Parmi eux, Valentin Martin, jeune lauréat, incarne parfaitement cette nouvelle génération. « Le numérique, pour moi, c’est une évidence. Il me permet d’être plus précis, de relever des défis techniques que l’on ne pourrait pas atteindre autrement. Si un jour je crée mon entreprise, je veux qu’elle intègre pleinement ces outils. »

En somme, cette première édition de Numéri’bois pose les bases d’un dialogue nécessaire et prometteur. Car il ne s’agit pas simplement d’adopter de nouveaux outils, mais bien de penser un futur, où artisanat et innovation avancent main dans la main. Pour le CCCA-BTP, cet événement marque une étape essentielle : favoriser l’appropriation des outils numériques par les professionnels du bois, dans le respect des gestes, des savoirs et des réalités de terrain.