Dispositif prépa apprentissage #DémarreTaStoryBTP : les membres du consortium piloté par le CCCA-BTP font le bilan
8 avril 2024 – Les membres du consortium « Prépa-apprentissage – #DémarreTaStoryBTP » se sont retrouvés le 21 mars dernier à Montpellier, au sein de BTP CFA Occitanie, pour faire un bilan de la période 2019-2023, sur le déploiement du dispositif et dressé de nouvelles perspectives pour la poursuite du dispositif. Cette rencontre a été l’occasion de partager avec des jeunes bénéficiaires de la prépa apprentissage et des équipes de centres de formation, qui ont apporté leur témoignage.
En février 2019, le CCCA-BTP était sélectionné par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités pour son projet « Prépa apprentissage – #Démarretastory ». Décliné en quatre parcours, ce dispositif a été conçu pour répondre aux besoins des jeunes en recherche d’orientation, qui ont besoin d’être conseillés et accompagnés dans la définition de leur projet professionnel. Qu’en est-il cinq ans après ? Le CCCA-BTP a réuni le 21 mars au sein de BTP CFA Occitanie la cinquantaine de centres de formation membres du consortium, pour établir un bilan et réfléchir aux prépa apprentissage de demain. « Il nous est apparu important de faire un point et d’avoir ce temps d’échanges avec les équipes qui ont mis en œuvre le dispositif prépa apprentissage sur le terrain, constater les réussites, exposer les difficultés auxquelles elles ont été confrontées, ce qui peut être amélioré et comment se projeter demain », précise Anne-Marie Lachal, directrice du projet prépa-apprentissage #DémarreTaStoryBTP au CCCA-BTP.
Une réussite du dispositif permettant d’accéder à la voie de l’apprentissage
À la fin 2023, le dispositif a accueilli 4 219 jeunes. Le nombre de bénéficiaires a augmenté d’année en année. Parmi eux, 60 % de poursuite positive grâce à la prépa apprentissage, avec la conclusion d’un contrat d’apprentissage, d’un contrat de professionnalisation, ou une poursuite de leur parcours en formation. « 53 % d’entre eux signent un contrat d’apprentissage et 71 % obtiennent leur diplôme. Seuls 12 % décrochent, précise Anne-Marie Lachal. Les résultats attestent d’une réussite du dispositif, en permettant aux jeunes qui ont des difficultés d’accéder à la voie de l’apprentissage et de réussir. »
En amont de cette journée d’échanges, les équipes de la direction des Politiques de formation et de l’Innovation pédagogique du CCCA-BTP ont réalisé à la fin 2023 un diagnostic, avec un panel de 22 personnes ayant pris part à différents degrés au dispositif prépa apprentissage (formateurs, adjoints de direction, référents prépa-apprentissage, secrétaires généraux d’organismes de formation…). « Cette étude approfondie a permis de renforcer certaines convictions, détaille Astou Arnould, ingénieure formation au CCCA-BTP. Il apparaît important que le programme soit non seulement porté par équipes de direction de l’organisme de formation pour impulser la démarche, mais aussi en mettant en place une équipe dédiée aux expertises diverses. La capacité d’ajustement du parcours du jeune, ainsi que la constitution de petites équipes d’apprenants notamment, sont un facteur de réussite. La coopération entre les membres du consortium et les équipes du CCCA-BTP sont également appréciées. Parmi les pistes d’amélioration, il y a parfois le manque d’interlocuteur au niveau local et la difficulté d’identifier des jeunes, en raison du manque de visibilité du dispositif auprès des partenaires des organismes de formation. »
Une prépa apprentissage au féminin pour diversifier les parcours
Le parcours 1 du dispositif #DémarreTaStoryBTP « Jeunes en poursuite d’études par la voie de l’apprentissage » accueille le plus grand nombre d’entrée avec 2 200 jeunes. Près de 1 000 jeunes ont bénéficié du parcours 4 « Jeunes allophones (langue maternelle non française) ». 730 jeunes ont été inscrits dans le parcours 2 « Apprentis en rupture à la suite d’une période de contrat d’apprentissage » et seulement 331 jeunes pour le parcours 3 « Jeunes en réorientation professionnelle ». « Le parcours 3 est un peu moins demandé, note Anne-Marie Lachal. Il n’est pas suffisamment connu auprès des jeunes qui ont quitté la voie scolaire. Un effort de promotion mérite d’être fait. » Pour rendre le parcours 3 plus attractif, les campus de Montpellier et de Toulouse de BTP CFA Occitanie l’ont fait évoluer en créant en février 2021 la prépa « Au Féminin », pour intégrer davantage de femmes dans le dispositif et les formations. D’ores et déjà, une trentaine de femmes a pu être accompagnée grâce à cette prépa apprentissage d’une durée de deux mois. « Nous en sommes à la troisième édition. Nous prévoyons cette année une nouvelle session pour répondre à l’afflux des demandes, précise Julie Brun, chargée de mission prépa apprentissage au campus de Montpellier de BTP CFA Occitanie. Des demi-journées en atelier sont organisées avec les formateurs. Nous faisons intervenir des chefs d’entreprise femmes, mais aussi une sociologue pour évoquer la place de la femme dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Certaines bénéficiaires arrivent avec une idée en tête, mais la plupart découvrent la totalité des métiers. »
Diana Heurtin, 24 ans, a suivi cette prépa apprentissage « Au féminin ». Auparavant secrétaire de direction dans une entreprise d’architecture à La Réunion, elle s’est installée à Montpellier par choix personnel depuis un an et demi. Diana nourrissait le désir d’être peintre. Elle a été séduite par cette prépa « Au féminin » : « Je ne savais pas comment rentrer dans le secteur du BTP. Grâce à cette opportunité, cela m’a permis de découvrir les métiers du bâtiment et de conforter mon projet. Après mon CAP Peintre applicateur de revêtements, je souhaite poursuivre en brevet professionnel et, peut-être, par une mention complémentaire pour me spécialiser dans la décoration. »
BTP CFA Occitanie en pointe sur le dispositif prépa apprentissage
L’association régionale BTP CFA Occitanie, avec ses cinq campus, s’est pleinement emparé du dispositif prépa apprentissage #DémarreTaStoryBTP, avec 1 700 bénéficiaires depuis fin 2019 dans les quatre parcours. « Nous avons eu la chance d’avoir le soutien de la direction de BTP CFA Occitanie, qui a souhaité mettre l’accent sur ce dispositif en donnant les moyens et en mettant en place une équipe dédiée, avec deux personnes par campus qui s’investissent dans un accompagnement individualisé, explique Valérie Bonnet, cheffe de projet-coordinatrice prépa apprentissage à BTP CFA Occitanie. Nous faisons évoluer en permanence le dispositif, en créant de nouveaux parcours adaptés aux besoins du territoire, comme la prépa « Au féminin ». Ce travail de fond permet des taux d’insertion en apprentissage au-delà des 70 % pour l’ensemble des parcours. »
Grâce à la prépa apprentissage, Ibrahima Karima trouvé sa voie après son arrivée en France en avril 2023. Il a intégré le parcours « Jeunes allophones » d’une durée de cinq mois, dans une section de douze jeunes, avec 28 heures au CFA et 7 heures à distance, grâce à la plateforme d’apprentissage Frello : « J’ai été très bien accueilli par ma formatrice, qui m’a fait passer un test pour connaître mon niveau. J’ai bénéficié de cours de remise à niveau en français, mathématiques… Cette prépa apprentissage m’a permis de découvrir plusieurs métiers du BTP. Je suis actuellement en 1re année CAP Carreleur-mosaïste. J’espère ensuite poursuivre en bac professionnel et, peut-être, plus tard créer mon entreprise. »
Questions à... Abbès Djanti
« Nous passons beaucoup de temps à bien définir le projet professionnel de chacun. »
Comment se sont mises en place les prépa apprentissage au sein de BTP CFA Grand-Est ?
Sur les six centres de formation de BTP CFA Grand Est, ceux de Pont-à-Mousson (BTP CFA Meurthe-et-Moselle et Meuse) et de Pont-Sainte-Marie (BTP CFA Aube) se sont investis dans le dispositif prépa apprentissage, avec 220 bénéficiaires accueillis entre 2019 et 2023 et un taux de 87 % de sorties positives, dont 78 % bénéficiaire ayant signé un contrat d’apprentissage. Le taux d’abandon est très faible. Le dispositif prépa apprentissage est avant tout une belle aventure humaine, où nous sommes face à des jeunes, parfois en difficulté et avec des parcours de vie difficiles. Les quatre parcours du dispositif permettent de leur ouvrir des perspectives.
À quoi attribuez-vous ce succès ?
J’attribue ces résultats au travail de fond que nous réalisons auprès des jeunes bénéficiaires. Nous passons beaucoup de temps à bien définir le projet professionnel de chacun et le choix de l’entreprise. Ils découvrent chaque métier sur les plateaux techniques. Nous faisons le point avec le formateur et je rassure les jeunes en leur disant « Si ce n’est pas ce métier, ce n’est grave ».
Atelier 1 | « Comprendre les troubles DYS pour mieux accompagner les jeunes en situation de handicap »
Il a été constaté de plus en plus dans les parcours prépa apprentissage la présence de jeunes atteints de troubles DYS(1/TADH(2). Ils affectent une ou plusieurs fonctions cognitives comme la perception, l’attention, la mémoire ou le langage… Cet atelier a permis d’évoquer l’importance de sensibiliser les équipes pédagogiques, qui ne sont pas toujours suffisamment préparées pour accueillir ce public, ainsi que le réel besoin d’outils pour mieux accompagner les jeunes concernés. La création d’un parcours dédié aux DYS dans le programme prépa apprentissage a été évoquée.
Un outil a été présenté aux participants : l’application « MYdys » (IOS/Android). Elle facilite la lecture de tous types de textes à partir d’une simple photo. Le paramétrage permet à l’apprenti de personnaliser lui-même ses réglages selon ses besoins : il peut à la fois adapter la police, la taille des caractères, les espacements entre les caractères, les mots et les lignes, les contrastes. Elle permet aussi une mise en valeur des caractères confondants, lettres ou groupes de lettres, chiffres ou encore la ponctuation. Cet outil peut également intéresser les apprentis allophones, grâce à la fonction lecture audio avec un surlignage des mots lus et le texte peut être traduit dans plus de 50 langues.
(1) – On dénombre six troubles d’apprentissage qui se déclinent en « DYS » : dyscalculie, dysgraphie, dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie.
(2) – Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Atelier 2 | « Améliorer le sourcing grâce aux partenariats locaux »
Les participants à cet atelier ont proposé des pistes pour améliorer et pérenniser les partenariats permettant de développer le dispositif prépa apprentissage. « Aller à la rencontre de ses partenaires nécessite de notre part de changer de posture et de devoir s’habituer à aller chercher les candidats, notamment là où on ne nous attend pas. Il faut s’autoriser à être ambitieux. Nous avons, par exemple, répondu à un appel à projets pour être présents au festival Les Déferlantes Sud de France. Un partenariat a été créé avec Décathlon dans le cadre de leur événement Vitalsport, ainsi qu’avec l’association L’Outil en Main. Pourquoi ne pas investir dans un bus de l’apprentissage pour attirer des jeunes dans les territoires ruraux ? », suggère Célia Cossenet, chargée de relation jeunes et entreprises au campus de Lézignan-Corbières de BTP CFA Occitanie.
Une autre idée fait son chemin : créer des collectifs apprentissage, en réunissant l’ensemble des centres de formation d’un territoire, tous secteurs professionnels confondus. Cette initiative permet d’organiser un plus grand nombre d’événements sur un territoire et facilite les actions d’information dans les établissements de l’Éducation nationale. « Nous souhaiterions aussi que certains partenariats soient pérennes, comme celui, par exemple que nous avons avec France Travail », ajoute Célia Cossenet. Un système de reconnaissance pour mobiliser les acteurs de terrain a été envisagée, comme la mise en place d’un challenge entre les missions locales qui proposent le plus grand nombre de jeunes.
Atelier 3 | « Structurer un accompagnement sur le modèle de l’expérience accompagnée »
Comment améliorer l’accompagnement des jeunes, afin qu’ils soient plus sûrs de leurs choix professionnels en bénéficiant d’outils pertinents ? Les participants à cet atelier ont évoqué le besoin d’une méthodologie d’accompagnement adaptée à des publics variés. Les participants ont pu découvrir la méthode « L’expérience accompagnée » proposée par Diagoriente, la start-up du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, au service des parcours et des transitions professionnelles. « C’est une méthodologie concrète, qui vise à enrichir l’accompagnement par une meilleure exploitation des expériences vécues lors d’un stage en entreprise, explique Florent De Buck, responsable du déploiement et des partenariats chez Diagoriente. Elle souligne la nécessité de valoriser l’expérience plutôt que de se concentrer uniquement sur l’individu. Le formateur s’appuie sur des grilles d’analyse basées sur les centres d’intérêts, la représentation de soi, les compétences qui permettent de voir comme le jeune se perçoit et la manière dont il se sent capable de faire ce métier. Puis, à l’issue du stage, nous effectuons un travail comparatif avec ce qui a été fait en amont, pour voir s’il n’est pas nécessaire d’effectuer un stage dans une autre entreprise. ». Plusieurs pistes de travail ont été proposées par le groupe de travail pour s’approprier cette méthode : se former, expérimenter les outils et partager les retours d’expériences ; mettre en commun l’outil à l’échelle du consortium, avec un espace d’échange entre les utilisateurs et avoir la possibilité d’adapter la méthode.
Atelier 4 | « Comprendre les phénomènes de mobilisation/démobilisation des apprenants »
Cet atelier avait pour objectif d’échanger sur la sécurisation des parcours, pour éviter les abandons des jeunes en prépa apprentissage. La différence entre rupture et abandon a d’abord été rappelée : « La rupture, c’est un contrat d’apprentissage qui s’arrête avant son terme quel que soit le motif, explique André Jorquera, chargé de projets Développement des parcours et Orientation au CCCA-BTP. La rupture de contrat peut être suivie d’un nouveau contrat d’apprentissage, pouvant lui-même conduire à une autre rupture. Tant qu’il existe un contrat, la formation se poursuit. L’abandon, quant à lui, correspond à la situation où aucun nouveau contrat n’est signé pendant un délai assez long. Si l’abandon suppose une rupture, l’inverse n’est pas toujours vrai. » Un parcours de formation est souvent jalonné d’aléas qu’il faut prendre en compte pour les comprendre et tenter de débloquer les situations.
Il a été précisé que l’abandon n’est pas seulement la responsabilité du jeune. Il peut dépendre d’un contexte ou d’une situation : « Un jeune qui abandonne son stage en entreprise ou sa prépa apprentissage peut s’expliquer par le fait que les attendus et les objectifs n’ont pas été clairement énoncés, explique Abbès Djanti, adjoint de direction chez BTP CFA Meurthe-et-Moselle, et pilote régional prépa-apprentissage au BTP CFA Grand Est. Il ne faut pas faire autre chose que ce qui était prévu, pour éviter d’aller à l’encontre des attentes des bénéficiaires. Le contrat entre le jeune et le centre de formation doit être respecté. Si toutes les conditions sont remplies entre les objectifs de départ et ce qui est réalisé pendant la durée du parcours, il n’y pas de raison qu’un jeune abandonne. ».
Surtout, dans bon nombre de cas, l’abandon peut être évité s’il est anticipé : il ne faut hésiter à tenter une médiation tripartie entre le formateur, l’apprenti et le maître d’apprentissage, pour parvenir à un échange constructif et mesuré. « Les visites d’entreprises sont nécessaires pour vérifier que les activités sont en lien avec les compétences attendues. Il est important aussi que le jeune ait conscience d’un collectif pour gagner en confiance », ajoute Abbès Djanti.
Atelier 5 | « Des pistes d’amélioration pour les prépa-apprentissage de demain
Alors que la fin de la convention pour le programme prépa apprentissage approche, cet atelier a permis de formuler des propositions pour le prochain appel à projets. Une des premières idées est de bâtir des parcours en fonction des besoins identifiés de la personne concernée, avec éventuellement un cadre de référence, mais sans avoir quatre parcours prédéterminés, comme c’est le cas dans le programme actuel. « Il nous paraît important de ne pas avoir un programme figé dans la durée, en ayant la possibilité d’innover et d’expérimenter pour s’adapter aux évolutions », précise Jean-Daniel Fontange, directeur du campus Toulouse-Muret de BTP CFA Occitanie. Tout en ayant un cadre commun, il est proposé de pouvoir aménager le dispositif aux spécificités des territoires, afin de s’adresser à différents publics.
Le travail avec les partenaires doit être poursuivi et approfondi, afin que le dispositif prépa apprentissage soit compris comme une ressource et une solution durable pour des jeunes en difficulté. « Il est nécessaire de faire connaître et savoir que le travail accompli avec les prépa apprentissage entre 2019 et 2023 donne de bons résultats. Nous devons notamment être mieux reconnus et intégrés par les acteurs de l’orientation », ajoute Jean-Daniel Fontange. Pourquoi ne pas créer la fonction d’ambassadeurs prépa apprentissage, ou mettre en place une cellule de pilotage territorial des actions à développer, afin que les partenaires soient davantage parties prenantes, ou encore développer un label « Reconnu garant prépa apprentissage », pour une meilleure identification et intégration des partenaires dans le dispositif ? La création d’un réseau d’entreprises partenaires en les associant aux orientations et réflexions a été également suggérée.
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