Multimodalité : un des outils de la digitalisation de la formation professionnelle

Multimodalité : un des outils de la digitalisation de la formation professionnelle

5 février 2024 – Le CCCA-BTP a participé le 22 janvier dernier à une table ronde sur le thème « Multimodalité et territoires », organisée par le rectorat de l’académie de Créteil. Retours sur cette rencontre.

Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale organise un séminaire de deux jours à l’attention des correspondants académiques du consortium e-GRETA-CFA. En 2024, c’est la région académique Île-de-France qui accueillait ce séminaire.

À cette occasion, deux tables rondes étaient organisées le 22 janvier dernier, dans les locaux de l’École Boulle à Paris, sur le thème « Territoires et multimodalités ». Jacques-Olivier Hénon, directeur des Politiques de formation et de l’Innovation du CCCA-BTP, était invité à débattre à la table ronde dédiée à la multimodalité comme réponse aux évolutions de la formation professionnelle et à la prise en compte des inégalités, voire des ruptures sociales, entre les territoires. Représentants de la région académique Île-de-France, de tiers-lieux, du consortium e-GRETA-CFA, du conseil régional Île-de-France et d’autres structures ont pu partager leurs points de vue et leurs solutions.

Des avantages évidents

Depuis la crise sanitaire, les expériences de multimodalité se multiplient : outils immersifs, LMS (Learning Management System), 360°, fablabs, jeux sérieux … De leur côté, ceux qui « commandent » les formations souhaitent obtenir des réponses à leurs cahiers des charges contenant une part importante de multimodalité. La montée en compétences des tiers-lieux -notamment via DEFFINOV[1]– où la formation par le « faire » a toute sa place, comme la formation des instructeurs font partie des clés de cette évolution.

Mais, plus encore, c’est l’hybridation entre la multimodalité et la modularisation des espaces, comme des formations, qui devrait permettre aux organismes de toucher un plus grand nombre d’apprenants. « Il est indispensable de prendre en compte la modularité et la multimodalité, ainsi que l’interrogation de tous les acteurs concernés afin de recueillir les besoins. Il ne faut pas oublier non plus le temps nécessaire à la réflexion et à la construction d’une formation. En intégrant tous ces éléments, nous obtenons des programmes qui atteignent pleinement leurs objectifs », explique Jacques-Olivier Hénon. « Dans tous les cas, nous avons besoin de temps, et de temps long », résume Laurence Martin, déléguée nationale Réseau APPAP.

[1] DEFFINOV-Tiers lieux : 2e volet du Plan de transformation de la formation. Aide le développement de lieux alternatifs de formation dans les territoires (Budget : 50M€).

Des outils à croiser

Si la multimodalité n’est pas l’unique solution pour permettre l’accès du plus grand nombre aux différentes formations, notamment pour les publics en grande difficulté, celle-ci est toutefois incontournable. Les formations doivent nécessairement intégrer aussi de l’accompagnement en temps réel (ou accompagnement synchrone) et non en différé, comme cela est encore beaucoup le cas dans les formations en distanciel. Elles doivent également favoriser les contacts sociaux, dont les apprenants sont très demandeurs. « Lorsque nous proposons des formations à la fois en présentiel et en distanciel, une grande partie des stagiaires rejoignent les apprentissages sur site », précise Jean-Philippe Boulineau, responsable des formations qualifiantes, Région Île-de-France.

« Nous avons initié très tôt des projets et de belles réussites déjà à notre actif, comme la création de solutions immersives financées via DEFFINUM². Sans oublier le "casque apprenant" pour le français, les salles évolutives… Cependant, tout ceci demandera toujours l’intervention d’un formateur qui doit garder la main, pour maintenir le cap et donc être à même d’utiliser la valeur ajoutée apportée par les nouveaux outils.  C’est notre rôle de regarder ce qui se passe un peu partout dans le secteur de la formation et de transmettre ensuite aux organismes de formation aux métiers du BTP les sujets à travailler pour optimiser leurs formations. »

Jacques-Olivier Hénon,
Directeur des Politiques de formation et de l’Innovation du CCCA-BTP

« Aujourd’hui, nous capitalisons sur les méthodes et outils qui ont pu se mettre en place pendant le confinement, pour faire évoluer les pratiques pédagogiques. Et utiliser les nouveaux outils à bon escient, c’est-à-dire par rapport à des publics qui n’ont pas forcément un accès simple au numérique. Il faut aller chercher ces publics-là aujourd’hui. Peut-être via des tiers-lieux, en s’appuyant sur des formations labellisées APP2²… Dans l’auditoire, nous avons des collègues de différentes académies qui souhaitent pousser ces usages de la multimodalité dans les parcours de formation. »

Isabelle Hondermarck,
Conseillère en formation continue - Ingénierie et outils pour la FOAD du rectorat de l’académie de Créteil

« Pour nous, la multimodalité est une boîte à outils que le formateur doit connaître et que l’apprenant doit s’approprier. Elle est fondamentale à la personnalisation des programmes. Le champ des possibles des modalités pédagogiques s’enrichit tous les jours. En piochant dans tous les domaines, les formateurs, tels des contorsionnistes, s’adaptent aux besoins des apprenants. Notamment ceux en grande difficulté. »

Laurence Martin,
Déléguée nationale, Réseau APAP


Les participants à la table ronde :

• Jacques-Olivier Hénon, directeur des Politiques de formation et de l’Innovation du CCCA-BTP
• Isabelle Hondermarck, conseillère en formation continue – Ingénierie et outils pour la FOAD du rectorat de l’académie de Créteil
• Laurence Martin, déléguée nationale, Réseau APAPP
• Jean-Philippe Boulineau, responsable des formations qualifiantes, Région Île-de-France
• Nathalie Krauze, chargée de mission – développement de la formation professionnelle dans les tiers-lieux auprès du consortium France Tiers-Lieux
• Victoria Peres-Labourdette, responsable technique, consortium e-greta-cfa

3 DEFFINUM : le programme soutient des projets innovants de digitalisation et d’hybridation de la formation (budget : 100M€).
2 APP : Ateliers de pédagogie personnalisée