Quels besoins en emploi pour le marché de la rénovation énergétique en Île-de-France ?

Quels besoins en emploi pour le marché de la rénovation énergétique en Île-de-France ?

18 mars 2024 – Avec son programme Renoboost, le CCCA-BTP propose une analyse détaillée des besoins en compétences de chaque région pour déployer la rénovation énergétique sur le territoire. L’étude pour la région Île-de-France vient d’être présentée par le CCCA-BTP auprès d’acteurs emploi-formation du BTP du territoire francilien.

Renoboost est un maillon capital pour répondre à la massification de la rénovation énergétique en France, liée aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Initié en 2022 par le CCCA-BTP et ses partenaires, le programme Renoboost propose une approche territorialisée, en se dotant d’une vision prospective et dynamique des besoins en emplois, compétences et recrutements dans les régions.

Comprendre et surtout agir !

Le programme Renoboost permet à la fois de comprendre et de modéliser les besoins en emplois, compétences et recrutements sur les territoires, mais aussi d’agir et d’accompagner la montée en compétences au plus près des besoins du territoire. « La phase « agir » est le grand objectif de Renoboost avec le déploiement des dispositifs de formation et d’attractivité basés sur les résultats de la modélisation et les conclusions de l’étude, explique Maryse Degouge, responsable de projets data et prospective au CCCA-BTP. Nous allons multiplier nos efforts d’information à partir de l’été 2024, pour que les organisations professionnelles et les centres de formation s’emparent de ces résultats pour réfléchir à des scénarios de formations adaptés. Le CCCA-BTP les accompagnera dans leur réflexion, tant en termes d’expertise pédagogique et de certification, qu’à travers des appels à projets et appels à candidatures du CCCA-BTP, que les acteurs pourront solliciter pour soutenir le financement de ces initiatives », précise Maryse Degouge.

Après une expérimentation dans les régions Grand-Est et Occitanie, le programme Renoboost se déploie dans l’ensemble des régions métropolitaines et des DROM. Ce sont les résultats de l’étude réalisée pour la région Île-de-France, qui ont été présentés le 5 mars, au CCCA-BTP, auprès d’acteurs emploi-formation du BTP du territoire francilien. « Les modélisations sont d’ores et déjà finalisées dans les régions Grand-Est, Occitanie, Pays de la Loire et Île-de-France. L’objectif est d’aboutir à une modélisation de l’ensemble des régions d’ici à la fin de l’année », ajoute Maryse Degouge.

Réaliser un état des lieux des types de logements

La région Île-de-France est celle qui comprend le plus grand nombre de passoires énergétiques du pays. Un travail de six mois a été nécessaire pour élaborer le programme Renoboost la concernant. Les principaux résultats des besoins par métier et pistes d’actions pour soutenir la massification des rénovations énergétiques performantes, ont été révélés mardi 5 mars au CCCA-BTP. Après avoir validé la méthode dans le Grand-Est et l’Occitanie, l’Île-de-France est la première région où le programme Renoboost va se déployer. « L’opération Renoboost Île-de-France est soutenue par l’État dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt Compétences et métiers d’avenir du programme France 2030. Un comité technique régional a été mis en place, afin de piloter la réalisation de Renoboost, accompagner les prestataires et identifier les entreprises participantes à la modélisation », explique Séverine Bastard, directrice Projets innovation et des Coopérations formation initiale et enseignement supérieur à la FFB Île-de-France Est. 

Un premier travail a consisté à établir un état des lieux des logements à rénover énergétiquement. Toutes les périodes historiques de construction sont étudiées dans le cadre de Renoboost. Elles concernent systématiquement l’habitat collectif et individuel. « L’étalement urbain de la première puis de la deuxième couronne témoigne des tendances architecturales que sont les lotissements des années 1950 et les grands ensembles des années 1970. La région Île-de-France se distingue des autres régions par le nombre de logements collectifs, qui concernent plus de 73 % des habitations. La région compte 37 % d’habitations de classe énergie D, et assez peu de classes énergie A et B, notamment du fait de la nécessité de préserver le patrimoine architectural », précise Sylvie Lechauve, dirigeante de l’entreprise Since & Co, experte analyse du bâti résidentiel et travaux de rénovation énergétique, qui mène les analyses approfondies du bâti à rénover dans les régions.

Cet état des lieux a été complété par une quinzaine d’entretiens exploratoires avec des professionnels, quelle que soit la taille de l’entreprise, afin d’établir les facteurs de réussite pour impulser le déploiement massif de la rénovation énergétique des bâtiments. « Les entretiens menés dans le cadre de l’étude exploratoire font ressortir des éléments qui relèvent à la fois des acteurs du secteur du bâtiment, des politiques nationales et locales, d’un changement culturel et d’une transformation des méthodes de travail. En effet, ces échanges révèlent que la rénovation énergétique est traitée actuellement de manière segmentée, par geste métier, et non selon une approche globale, qui garantirait une meilleure performance », observe David Ducaud, dirigeant de Model RH et référent modélisation dynamique et prospective pour le programme Renoboost.

Six métiers représentent 73 % des besoins en recrutements

Une fois l’inventaire effectué, la deuxième étape du programme Renoboost consiste à élaborer une modélisation des travaux à réaliser en fonction des typologies du bâti. L’analyse permet surtout de faire ressortir les métiers pour lesquels les tensions de recrutement seront les plus fortes pour mener à bien les travaux de rénovation énergétique. « La modélisation transpose les caractéristiques du logement en travaux potentiels. Une trentaine de modèles spécifiques à l’Île-de-France ont été créés : par exemple, nous avons trois modèles pour les immeubles haussmanniens, trois pour les bâtiments Art déco, puis des modèles pour le collectif en première et deuxième couronne… Nous multiplions ensuite chaque modèle par le nombre de logements concernés et pour chaque scénario, nous regardons la part de chaque métier impliqué dans les bouquets de travaux », ajoute David Ducaud.

Au total, six métiers représentent 73 % des recrutements dédiés à la rénovation énergétique : façadier-bardeur, menuisier, chauffagiste, plaquiste, électricien, maître d’œuvre/coordinateur de travaux. « Cette proportion est vraie dans toutes les régions, mais avec des techniques, des approches et des savoir-faire différents : un installateur thermique en Île-de-France travaille en majorité sur des installations gaz d’immeubles collectifs, ce qui n’est pas le cas en Pays de la Loire ou dans le Grand-Est. L’isolation thermique par l’extérieur ITE se travaille différemment pour un immeuble R+3 ou R+12. Les besoins se font sur des gestes très précis, nécessitant un savoir-faire particulier. Par exemple, pour le façadier-bardeur, les besoins ne se situent pas prioritairement sur l’application des enduits, mais sur la pose des structures. L’étude Renoboost démontre aussi que la rénovation énergétique ne se joue pas seulement à l’échelle du bâtiment mais aussi du quartier, en particulier à Paris, avec la mise en place d’îlots de fraîcheur », explicite David Ducaud.

Le comité technique Renoboost Île-de-France, en lien avec les organisations professionnelles, réalisera une actualisation des données et des scénarios de référence tous les six mois, pour être au plus près des réalités et déterminer le nombre de rénovations énergétiques chaque année. Une extension du périmètre de l’étude est également envisagée pour prendre en compte l’habitat à l’échelle du quartier. « Désormais, l’ensemble des acteurs doivent s’emparer collectivement des résultats du programme Renoboost, précise Séverine Bastard. En plus des centres de formation, les entreprises pourront ainsi mieux anticiper les besoins en compétences et conseiller leurs clients sur la bonne typologie de travaux pour parvenir à une rénovation énergétique performante. Les maîtres d’ouvrage ont un rôle important en termes de prescription. Cela va également servir aux organisations professionnelles pour définir une politique régionale emploi-formation. Il est important de communiquer et de diffuser le plus largement possible sur ces données pour agir ensemble. Nous sommes au début de l’aventure ! ».