Bâtiment et changement climatique : quelles formations ?

Bâtiment et changement climatique : quelles formations ?

15 mars 2024 –  Pour faire face à l’adaptation au changement climatique dans le secteur du bâtiment, le symposium du bâtiment et de la ville durables « T’es COP ou pas CAP », organisé par l’association Construction21, a mis l’enjeu de la formation au cœur des échanges, avec des solutions et des actions menées, entre autres, par le CCCA-BTP.

Faire rayonner les solutions existantes en France et à travers le monde sur les sujets d’adaptation et résilience au changement climatique et de décarbonation. Tel était l’enjeu du symposium organisé par Construction21. Cet événement a eu lieu la veille du premier Forum mondial Bâtiments et Climat organisé par la France et le Programme des Nations unies pour l’environnement, les 7 et 8 mars 2024. « 

Cette journée a permis de mettre en avant les solutions pour relever les défis des canicules extrêmes, des inondations et des cyclones, tout en se concentrant sur l’évolution de la formation pour y répondre », précise Stéphanie Obadia, directrice de Construction21. 

Les retours d’expérience et les solutions ont été riches et nombreux devant un public de 300 professionnels réunis dans l’amphithéâtre de la SMABTP.

 

 

La formation à l’heure de la décarbonation

Face à ces enjeux climatique et énergétique, la formation des futurs salariés du bâtiment est cruciale. Le CCCA-BTP, en première ligne sur le sujet, a présenté pour la première fois lors de cette journée la démarche « Renov’CarbonZero », destinée à anticiper et développer les compétences nécessaires dans le secteur de la rénovation énergétique. Ce projet s’articule autour de quatre dispositifs créant un cercle vertueux pour la réduction de l’empreinte carbone : WinLab’, l’incubateur du CCCA-BTP, qui, par le biais de partenariats avec des start-up, des grands groupes ou laboratoires de recherche, accompagne la transformation de la formation professionnelle dans le BTP ; le programme Renoboost du CCCA-BTP, qui identifie les besoins en emplois, compétences et recrutements pour répondre à la massification de la rénovation énergétique ; l’application « Décarbone+ Rénovation » mise au point pour estimer les émissions de gaz à effet de serre liées aux opérations de rénovation ; et enfin le partenariat avec Agyre, le hub d’accélération national pour une économie circulaire dans la construction.

L’application « Décarbone+ Rénovation » est née d’un partenariat entre le CCCA-BTP et l’Alliance HQE-GBC. Son objectif est de permettre aux apprentis d’acquérir des connaissances sur les chantiers de rénovation bas carbone, en les appliquant sur un projet concret pour les maisons individuelles, les logements collectifs et les bâtiments de bureau. Développée par AIA Environnement, l’application est en cours d’expérimentation au sein de trois organismes de formation aux métiers du BTP : BTP CFA Grand Est, BTP CFA Pays de la Loire et Bâtiment CFA Normandie.

« Le CCCA-BTP s’est posé la question de savoir comment sensibiliser les apprenants aux notions englobées dans le “bas-carbone” et de faire en sorte qu’elles soient facilement compréhensibles, afin qu’elles s’inscrivent dans leurs pratiques. Cette application permettra aux apprentis de manipuler eux-mêmes les paramètres de conception et de se forger leur propre ordre de grandeur sur les leviers en matière de rénovation bas-carbone : quels sont les enjeux ? en quoi consiste-t-elle exactement ? comment peut-elle se concevoir ? Après cette expérimentation nous ferons un bilan, le but étant d’être au plus proche des besoins des apprenants », explique Simon Davies, directeur AIA Environnement, membre de l’Alliance HQE-GBC. 

De même, la formation est un des points clés pour accélérer le développement de l’économie circulaire dans la construction. En 2021, Agyre et le CCCA-BTP s’associaient pour mettre en place un parcours d’économie circulaire à destination d’une première promotion de brevet professionnel (BP) Maçon au sein de BTP CFA Marne (Reims).

« À travers « Renov’CarbonZero », le CCCA-BTP propose aux organismes de formation une approche globale et cohérente, pour faire de la rénovation énergétique un axe de formation. Les apprenants bénéficieront d’une connaissance et d’un savoir-faire exigeant pour monter en compétence sur cette problématique. Après des expérimentations en cours, la démarche « Renov’CarbonZero » a vocation à s’étendre à l’ensemble des régions d’ici à 2025 », précise Olivier Cenille, responsable du Développement des partenariats du WinLab’ du CCCA-BTP.

Un appel à projet du CCCA-BTP pour une initiative collaborative inter-écoles et inter-métiers

L’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF) était également présente à ce rendez-vous organisé par Construction21, pour présenter la manière dont les sujets de décarbonation et de transition écologique sont abordés dans la formation des apprenants.

 « Nous essayons de les intégrer de manière la plus diffuse et progressive possible, pour que ces sujets fassent partie intégrante de leur future activité professionnelle et qu’ils soient acteurs de ce sujet, explique Élodie Chebassier-Davin, coordinatrice du pôle Énergie et environnement à l’AOCDTF. Sur l’aspect de la rénovation énergétique, nous travaillons métier par métier pour identifier les moments les plus opportuns au fil de la formation en termes de compétences transverses et techniques du CAP au formations dans le supérieur. »

En plus de cette stratégie, l’AOCDTF met en place des projets innovants, comme le module dédié à la construction passive, d’une durée de cinq semaines, réunissant une quinzaine de jeunes en brevet professionnel et baccalauréat professionnel itinérants sur le Tour de France, souhaitant se perfectionner. Après une partie théorique liée à la thermique d’un bâtiment, les participants œuvrent sur un chantier collaboratif, sur lequel ils sont amenés à réfléchir sur la manière dont leur métier impacte le travail des autres intervenants.

L’AOCDTF a également participé à un appel à projets du CCCA-BTP, pour participer au financement de la 4e édition du « Défi de la Réhabilitation ». Initié en 2020 par l’AOCDTF, ce projet a pour objectif de décloisonner les compétences, les filières et les métiers, en sensibilisant les jeunes participant aux enjeux du réemploi et de la réhabilitation, tout en apprenant à travailler ensemble sur la totalité des étapes d’un projet. 42 participants volontaires issus des Compagnons du Devoir, mais aussi de l’ENSAPL (École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille), de l’école d’ingénieurs JUNIA HEI et de l’ESAD, (École supérieure d’art et de design de Valenciennes) auront pour terrain d’expérimentation la réhabilitation d’une maison de 230 m2 emblématique du patrimoine lillois. « Nous attribuons à chaque équipe pluridisciplinaire une pièce à rénover entièrement. L’appel à projets du CCCA-BTP a permis de pérenniser au moins pour un an cette initiative collaborative inter-école et inter-métiers, , explique Élodie Chebassier-Davin. Nous souhaitons donner le mode d’emploi à d’autres régions pour le dupliquer avec d’autres écoles. C’est une solution qui permet de former autrement en confrontant les méthodes de travail ».

Deux questions à Jacques-Olivier Hénon, directeur des Politiques de formation et de l’Innovation pédagogique du CCCA-BTP :

« L’enjeu aujourd’hui se situe moins au niveau de la formation initiale que de la formation continue. »

Quels sont les enjeux de la formation face aux impératifs actuels de développement durable dans le bâtiment ?

Le secteur de la construction représente plus de 1 700 000 salariés. On compte environ 200 000 jeunes en formation, dont 105 000 en apprentissage et 100 000 en voie scolaire. Au total, 50 000 jeunes par an entrent sur le marché du travail, avec une moyenne de deux diplômes en poche. Dans le domaine de la formation initiale, un important travail a été fait sur les référentiels de diplômes, qui ont été réécrits. Les objectifs sont aujourd’hui adaptés. Le CCCA-BTP a développé des modules de formation avec l’Éducation nationale qui se déploient. L’enjeu aujourd’hui se situe donc moins au niveau de la formation initiale que de la formation continue.

 

Pouvez-vous nous en dire plus ?

75 % des professionnels qui entrent dans les métiers du BTP arrivent sans aucune heure de formation, y compris celles liées au port des équipements de protection individuelle. Ce sont également ces personnes qu’il faut former aux enjeux environnementaux. L’ensemble du secteur est bien conscient qu’il faut aller vers une formation technique précise sur les questions de maîtrise des gestes professionnels, permettant d’atteindre les objectifs environnementaux. C’est la raison pour laquelle tout le monde doit s’emparer de ces actions, aussi bien le secteur de la construction que le secteur industriel.