Newsletter n° 12 – 17 juin 2022

L’urgence thermique ne doit pas s’affranchir du patrimoine architectural    

Face au dérèglement climatique, l’adaptation de l’ensemble du bâti est une urgence bien réelle. Les enjeux sont de taille et auront un impact considérable sur l’environnement urbain de demain. Toutefois, doit-on autoriser toute solution visant à optimiser l’isolation thermique ? Quelles seraient les limites de l’exercice si l’on tient à préserver le riche patrimoine architectural de notre pays ? 

Les dispositions réglementaires récentes (RE 2020, loi AGEC, décret tertiaire…) sont nombreuses et mettent la barre très haut en termes de résultats. On peut citer notamment la réduction drastique sur 10 ans de la consommation d’énergies, l’abandon des énergies fossiles et le traçage de l’empreinte carbone des différents matériaux de construction, le but étant de limiter l’émission de gaz à effet de serre.   

La réhabilitation

Au regard de la quantité de bâtiments à rénover, une solution industrielle tente de s’imposer, basée notamment sur la mise en œuvre d’ITE (Isolation Thermique Extérieure) constituée de grands panneaux préfabriqués ou revêtus d’enduit de finition. On peut s’interroger sur l’empreinte carbone de tels panneaux, leur durabilité et surtout les méthodes à employer pour les ravalements à venir. D’un point de vue esthétique, si cette technique ITE est tout à fait adaptée aux pavillons type « Chalandonnette » des années 70, on peut à juste titre craindre l’uniformisation des constructions sur la totalité du territoire national, et surtout la dégradation ou le « vandalisme architectural » de certains édifices, tout particulièrement aux abords des bâtiments classés ou inscrits. 

L’idéal serait que la rénovation puisse se faire au cas par cas, ce qui permettrait de faire vivre l’architecture « vernaculaire » joyau des territoires, mettant en valeur produits et artisanat locaux. Nous pouvons à ce titre évoquer le bois et la terre cuite des régions du Nord, le granit breton, le colombage normand, et la pierre blonde du midi. 

Les constructions neuves

La profession s’inquiète également de la physionomie du bâtiment de demain. Le risque est de voir le « diag thermique » devenir maître du jeu. Le souhait des concepteurs est de traiter à importance égale le confort thermique, le confort des usagers et la qualité de l’espace. En revanche, si le calcul thermique prévaut, ce sera le Bureau d’Etudes Techniques (BET) qui dictera son choix en termes de matériaux, de forme et d’orientation des ouvertures… et l’architecte devra suivre. Ce fameux bâtiment de demain pourrait être, en caricaturant légèrement, soit un grand coffre bardé de panneaux photovoltaïques et couvert de végétation ou encore une maisonnette de paille en plein champ avec éolienne sur le toit. 

Il est urgent de redécouvrir les cultures et produits locaux et, à l’aide des nouvelles technologies, les mettre en œuvre de manière innovante.  

De la même manière, si la construction individuelle n’est plus encouragée par l’Etat, il faut repenser l’urbanisme dans une conception semi collective des territoires dans laquelle chacun se sente au mieux, et puisse se repérer dans un ensemble organisé et évolutif.

Le besoin de formation

La rénovation thermique devenant un enjeu culturel, c’est aux acteurs locaux de reprendre la main. En amont, la maîtrise d’œuvre devra également avoir une bonne connaissance des techniques locales et un effort sera à effectuer dans le cadre de la formation des jeunes architectes et également dans leur formation continue. Il sera essentiel de privilégier les échanges architectes/bureaux d’études techniques/entreprises afin de trouver ensemble les solutions techniques les mieux adaptées aux problématiques posées, le diable se cachant dans les détails. La phase chantier retrouvera ainsi toute son importance. 

Ce nouveau modèle économique fondé sur l’entreprise bâtiment nécessitera une gamme de savoir-faire différenciés selon les terroirs. Les organismes de formation auront un rôle essentiel à jouer pour assurer la montée en compétence des intervenants dans l’ensemble des métiers, afin de répondre à ces nouvelles priorités.

Vous êtes intéressé ? Besoin de plus d’information ? Contactez-nous :

Anne ROSSNER/ Chargée de Projets CFA de demain :  anne.rossner@ccca-btp.fr 

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