Newsletter n° 21 – 21 avril 2023

Les métiers en 2030, le focus régional

Après la publication du rapport « les métiers en 2030 », que nous vous avons présenté ici en mai dernier et qui avait pour objectif d’anticiper les besoins de recrutement dans différents métiers au niveau national, la DARES et France Stratégie viennent de publier une étude sur les perspectives de recrutement par région.

Cadre général de l’étude

Tout comme pour la projection nationale, les perspectives de recrutement dans chaque région sont le résultat de la dynamique économique, qui crée de l’emploi dans certains métiers et en supprime d’autres. Ces besoins de recrutement sont également influencés par les départs à la retraite des travailleurs seniors, qui nécessitent des remplacements. Ainsi, les perspectives de recrutement varient selon les secteurs d’activité et les métiers dans chaque région.

D’ici à 2030, toutes les régions en France devraient connaître un déséquilibre qui reflète un potentiel déficit de main-d’œuvre. Ce déséquilibre sera plus important dans certains métiers, quelle que soit la région, tandis que dans d’autres, il variera d’une région à l’autre. Ces disparités régionales en termes d’emploi dépendent surtout de dynamiques d’emploi diverses et des particularités de la structure de l’emploi locale. Au niveau national, 5 % des besoins de recrutement ne seraient pas spontanément pourvus par les jeunes débutant sur le marché du travail à l’horizon de 2030.

L’étude souligne l’importance de la formation pour répondre aux besoins en compétences des employeurs, ainsi que la nécessité de favoriser la mobilité professionnelle et géographique pour assurer un équilibre sur le marché du travail.

Enfin, le rapport met en avant plusieurs défis à relever, tels que la transition énergétique, la digitalisation de l’économie et la prise en compte de la qualité de vie au travail, qui nécessiteront une adaptation des politiques publiques et des pratiques des entreprises.

L’étude souligne la nécessité de préparer la main-d’œuvre de demain en anticipant les tendances du marché de l’emploi et en adoptant une approche proactive en matière de formation et d’accompagnement des travailleurs. Le rapport pointe la nécessité de mettre en place des politiques de formation et de recrutement pour répondre aux besoins futurs de la région en matière d’emploi. Il souligne également l’importance de développer l’apprentissage et les formations en alternance pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et des demandeurs d’emploi. En effet, les trajectoires professionnelles des individus ne dépendent pas uniquement de leur formation initiale ou continue. Par conséquent, il est important de faire preuve de prudence : offrir des places de formation ne garantit pas l’attraction des jeunes, et une vision à long terme implique de considérer la possibilité pour les débutants de changer de métier au cours de leur carrière.

Quelles perspectives régionales de recrutement dans le secteur du BTP ?

En ce qui concerne les perspectives de recrutement dans le secteur du BTP en 2030, elles varient en fonction des régions. Les métiers du BTP ne font pas toujours parties des métiers avec le plus fort besoin de recrutement à l’horizon 2030. Cependant, certaines tendances générales peuvent être observées.

Dans certaines régions, la demande de professionnels du BTP sera plus élevée en raison de la croissance économique, de l’urbanisation et de la nécessité de rénover les bâtiments existants. Les tensions sur les métiers du BTP tels que les plombiers, les électriciens, les charpentiers et les maçons devraient rester importants, mais les professionnels devront être formés pour travailler avec les nouvelles technologies et pratiques de construction durables. Les régions les moins dynamiques pourraient également être confrontées à des difficultés de recrutement dans certains métiers du BTP.

Si nous analysons le rapport par région pour le BTP :

La région Auvergne-Rhône-Alpes devrait connaître une forte demande de professionnels du BTP dans les années à venir pour répondre aux besoins de construction et de rénovation. Les métiers liés à la rénovation énergétique devraient être très demandés. Cependant, cette forte demande de professionnels du BTP pourrait se heurter à des difficultés de recrutement, en particulier pour certains métiers qui en connaissent déjà actuellement.

Entre 2019 et 2030, 28 000 postes seraient à pourvoir parmi les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment, dont 20 000 dus aux départs en fin de carrière et 8 000 aux créations nettes d’emplois. Ces postes à pourvoir représenteraient 39% de l’emploi de 2019 des personnes occupant ces métiers en AURA en 2019.

La Bourgogne-Franche-Comté se positionnerait comme l’une des deux régions les moins dynamiques, avec une diminution de l’emploi estimée à 1% au cours de la prochaine décennie. En outre, les départs à la retraite y seraient proportionnellement les plus élevés, représentant 31% de l’emploi en 2019 (contre 28% sur l’ensemble du territoire national). De ce fait, tous les postes à pourvoir dans cette région seraient liés au remplacement des seniors prenant leur retraite.

La région devrait connaître une forte demande de professionnels du BTP dans les années à venir pour répondre aux besoins de construction et de rénovation, en particulier dans les zones rurales où les besoins en logements accessibles sont importants. Les métiers liés à la rénovation énergétique devraient également être très demandés. Cette forte demande de professionnels du BTP pourrait se heurter à des difficultés de recrutement, en particulier dans certains métiers qui en connaissent déjà actuellement.

Le secteur du BTP en Bretagne devrait également connaître une forte demande de professionnels dans les années à venir pour répondre aux besoins de construction et de rénovation, notamment dans les zones urbaines où la population est en croissance et où la demande en logements est importante. Les métiers liés à la rénovation énergétique devraient également être très sollicités. Toutefois, cette forte demande de main-d’œuvre dans le secteur du BTP pourrait être confrontée à des difficultés de recrutement, notamment pour les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment déjà confrontés à des problèmes de recrutement actuellement.

Entre 2019 et 2030, parmi les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment en Bretagne, le déséquilibre potentiel entre les 10 000 besoins de recrutement (9 000 départs en fin de carrière et 1 000 créations nettes d’emplois) et le nombre de jeunes débutants (6 000) serait de 4 000.

En ce qui concerne les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment en Bretagne, le déséquilibre potentiel entre les besoins de recrutement et le nombre de jeunes débutants serait de 3 000 (6 000 départs en fin de carrière contre 3 000 jeunes débutants).

Ces besoins non couverts représenteraient plus d’un emploi de 2019 sur dix dans ces métiers (11 %). Les tensions étant déjà très fortes sur les recrutements dans ces métiers en Bretagne en 2019, elles risquent de s’accentuer d’ici 2030.

Dans la région Centre-Val de Loire, le rapport souligne que les besoins en recrutement en 2030 seront fortement liés aux départs à la retraite. En effet, en 2019, les seniors représentaient 31 % des effectifs salariés.

En ce qui concerne les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment en Centre-Val de Loire, le déséquilibre potentiel entre les besoins de recrutement et le nombre de jeunes débutants serait de 2 000 (5 000 départs en fin de carrière contre 3 000 jeunes débutants). Les recrutements dans ces professions ont néanmoins bénéficié par le passé de la montée en qualification des ouvriers peu qualifiés et de reconversions professionnelles d’autres professions peu qualifiées.

Les métiers du bâtiment et des travaux publics restent spécifiques en Corse malgré une baisse de la construction de logements neufs depuis 2020. Ils ont été marqués par des tensions très fortes en 2019 qui risquent de s’accentuer pour les ouvriers qualifiés du bâtiment et conducteurs d’engins du bâtiment comme pour les ouvriers du second œuvre du bâtiment. Elles pourraient se maintenir pour les ouvriers peu qualifiés du gros œuvre du bâtiment, des travaux publics, du béton et de l’extraction.

Entre 2019 et 2030, parmi les ouvriers qualifiés du bâtiment et conducteurs d’engins du bâtiment en Corse, le déséquilibre potentiel entre les 1 600 besoins de recrutement (soit 1 400 départs en fin de carrière et 200 créations nettes d’emplois) et les 500 viviers de recrutement (400 jeunes débutants, plus 100 entrées régionales nettes) serait de 1 100. Ces besoins non couverts représenteraient près d’un emploi de 2019 sur quatre dans ces métiers (24 %). Les tensions étant déjà très fortes sur les recrutements dans ces métiers en Corse en 2019, elles risquent de s’accentuer d’ici 2030.

En Île-de-France, la construction est identifiée comme un secteur clé avec une demande importante pour les ouvriers qualifiés et les cadres dans les années à venir.

Plus précisément, la rénovation énergétique des bâtiments sera un domaine en forte croissance, avec une demande accrue de professionnels qualifiés, ainsi qu’une forte demande d’ingénieurs en énergie et de techniciens spécialisés dans les énergies renouvelables.

Le secteur de la construction en Île-de-France est également confronté à des défis majeurs, notamment en termes de recrutement et de compétences. Les entreprises ont des difficultés à recruter des travailleurs qualifiés dans certains métiers, tels que les plombiers, les électriciens et les menuisiers.

Le secteur du BTP en Provence-Alpes-Côte d’Azur est un secteur dynamique qui emploie actuellement environ 90 000 personnes. D’ici 2030, le secteur devrait continuer à croître, avec des perspectives de recrutement importantes.

Les emplois présentant actuellement les plus forts déséquilibres en termes de recrutement dans la région devraient également avoir les besoins de recrutement les plus élevés d’ici 2030. Autrement dit, ces emplois pourraient devenir plus difficiles à pourvoir.

Les ouvriers qualifiés du second œuvre figureraient parmi les plus dynamiques sur le territoire azuréen. Ainsi, entre 2019 et 2030, 17 000 postes seraient à pourvoir parmi les ouvriers qualifiés du second œuvre, dont 12 000 dus aux départs en fin de carrière et 5 000 aux créations nettes d’emplois. Ces postes à pourvoir représenteraient 41% de l’emploi de ce métier en 2019 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Seulement 8 000 emplois seraient couverts par les jeunes débutants ; le déséquilibre serait donc de 9 000 emplois.

Le secteur du BTP dans le Grand Est connaîtra des difficultés de recrutement dans les années à venir. D’ici 2030, le secteur devra faire face à des départs à la retraite massifs et à une forte demande de compétences dans les métiers de la transition énergétique et de la rénovation.

Les métiers les plus concernés par ces enjeux de recrutement dans le BTP sont ceux de la maîtrise d’œuvre, de la conception et de la gestion de projet. Le secteur devra également recruter des techniciens et des ouvriers qualifiés, en particulier dans les métiers liés à la rénovation.

La croissance démographique en Occitanie devrait engendrer des besoins importants en termes d’infrastructures et de logements, ce qui devrait soutenir l’activité du secteur de la construction.

La région devrait également connaître une pénurie de travailleurs qualifiés dans certains métiers du BTP, en particulier ceux du gros œuvre (maçons, couvreurs, charpentiers) ainsi que dans ceux de la finition (plâtriers, peintres, carreleurs). Cette pénurie pourrait être accentuée par le départ à la retraite de nombreux professionnels du secteur, qui n’ont pas été remplacés en nombre suffisant ces dernières années.

Le secteur du BTP devrait connaître une croissance soutenue en Pays de la Loire, avec une forte demande pour les métiers de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Les métiers traditionnels devraient également évoluer vers des métiers plus qualifiés, nécessitant une maîtrise des nouvelles technologies et des matériaux innovants.

La région Nouvelle-Aquitaine aura une demande croissante d’ouvriers qualifiés, de cadres et d’ingénieurs dans le secteur du BTP. En particulier, les métiers de la rénovation énergétique, de la construction de bâtiments neufs et de la maintenance des infrastructures seront en forte demande. Le rapport souligne également une demande accrue dans les métiers liés aux énergies renouvelables et aux nouvelles technologies dans le domaine de la construction.

En Normandie, le secteur de la construction devrait connaître une hausse de la demande d’emploi, notamment pour les métiers de maçons, menuisiers, charpentiers et plombiers. La région risque également de faire face à des difficultés de recrutement pour certains métiers tels que les conducteurs d’engins de chantier et les dessinateurs en bâtiment.

Le rapport souligne également l’importance de la transition énergétique dans le secteur, qui entraînera une demande croissante pour les travailleurs qualifiés dans les métiers de l’isolation thermique, de la ventilation et de la climatisation, ainsi que pour les techniciens en énergie renouvelable.

Quelle que soit la région, le rapport souligne que la formation est essentielle pour répondre aux besoins de recrutement du secteur.

En outre, la durabilité et la réduction de l’impact environnemental deviennent des priorités pour le secteur du BTP, de sorte que les professionnels ayant des compétences dans ce domaine seront très recherchés. Ainsi, les métiers du BTP liés à la conception et la réalisation de bâtiments durables devraient connaître une forte croissance dans les années à venir.

Par ailleurs, la rénovation des bâtiments existants représentera une part importante des activités du secteur du BTP. Les professionnels spécialisés dans la rénovation énergétique, l’accessibilité et la sécurité des bâtiments seront donc également très demandés. La numérisation de l’industrie de la construction devrait également entraîner des besoins en personnel qualifié dans des domaines tels que la modélisation 3D et la gestion de projet (cadre, chef de chantier etc.).

Ces prévisions sont soumises à des incertitudes liées notamment à l’évolution de la conjoncture économique, des politiques publiques et des mutations technologiques. Il est donc important de traiter ces prévisions avec prudence et de les interpréter comme des tendances possibles plutôt que des certitudes absolues.

Nous vous invitons d’ores et déjà à télécharger et lire votre fiche régionale pour anticiper les métiers d’avenir sur votre territoire.

Source : les métiers en 2030 France Stratégie – Dares 

https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dossier/les-metiers-en-2030

https://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2030-perspectives-de-recrutement-region

Vous êtes intéressé ? Besoin de plus d’information ? Contactez-nous :

Yavuz ELVERDI, Chargé d’études, yavuz.elverdi@ccca-btp.fr

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